Shin Ling Low développe des possibilités d'apprentissage expérientielles significatives et accessibles à la communauté étudiante de Concordia grâce au programme de stages du SHIFT. Diplômée en communication et ancienne stagiaire du SHIFT, iel apportent leur vision multidisciplinaire en s'assurant que le programme de stages est reconnu au sein de la communauté et au-delà.
Programme de stages du SHIFT : témoignages de cinq étudiant·e·s
by Shin Ling Low

Depuis 2021, le programme de stages du SHIFT jumelle des étudiantes et étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs de Concordia avec nos partenaires – principalement des organismes communautaires et des groupes locaux de Montréal – dans le cadre de stages rémunérés d’apprentissage par l’expérience. Parallèlement à ces stages, les étudiants participent régulièrement à des ateliers visant à établir des liens entre les disciplines et à stimuler la réflexion pour améliorer l’apprentissage. Le programme s’est développé de manière exponentielle au fil du temps à force d’essais et d’erreurs et d’expérimentations ludiques et en fonction des besoins de la communauté et des personnes étudiantes.
Nous avons récemment discuté avec cinq étudiants qui participent au programme afin d’en apprendre davantage sur leurs expériences.
1. Trouver des racines dans la ville
Originaire d’Ottawa, Hamda s’est toujours investie dans le domaine de la justice sociale. Mais après avoir déménagé à Montréal pour étudier en cinéma, elle ne connaissait pas le secteur communautaire local et a perdu le contact avec cette partie de sa vie. « Si je n’avais pas déniché ce poste, aurais-je connu cet [organisme]? », se demande-t-elle.
Quand a-t-on l’occasion d’assister de près au changement? C’est vraiment rare
Son travail auprès de Community Healing Days – un collectif qui propose des thérapies traditionnelles à bas prix – lui a donné le sentiment d’être mieux intégrée à la communauté locale de Montréal. « Au Québec, de nombreux besoins en matière de soins de santé ne sont pas satisfaits, déplore-t-elle. En particulier pour les immigrants, les personnes à faible revenu ou les personnes handicapées. Community Healing Days aide à combler ces lacunes. » Le fait de voir les gens revenir chaque mois et exprimer des commentaires positifs a confirmé l’impact de son travail. « Je vois à quel point cela aide une communauté qui est souvent négligée », déclare-t-elle.
Au-delà de l’expérience professionnelle, le stage lui a redonné espoir. « Sans ce travail, j’aurais un bien moins bon moral, confie-t-elle. Il a illuminé mon monde d’une manière vraiment positive. »

2. Community care as a core value
Jon Marvin Reyes, étudiant en affaires publiques et communautaires et analyse des politiques, a quitté les Philippines pour s’installer à Montréal lorsqu’il était adolescent. Comme beaucoup de nouveaux arrivants, son histoire ici a commencé par la recherche d’une communauté, ce qui est toujours difficile, en particulier quand on est un jeune immigré queer.
Je me sens vu. Pas seulement pour mes réussites, mais aussi pour mes faiblesses.
Tout a changé lorsqu’il a amorcé son stage du SHIFT au Centre Kapwa, un organisme sans but lucratif abordant la question de la santé mentale de la diaspora philippine au Canada dans une perspective décoloniale par l’art, le mouvement et la conversation. L’organisme met également l’accent sur les liens intergénérationnels, ce que Jon Marvin a trouvé inestimable. « Les cofondatrices sont de jeunes professionnelles, de jeunes mères », indique-t-il. Je suis vraiment reconnaissant à mes ates (sœurs aînées en tagalog) pour le mentorat qu’elles m’ont apporté tout au long de mon parcours. »
À l’issue de son stage, Jon Marvin se réjouit à l’idée d’agir comme mentor auprès de jeunes philippins queers, pour donner à d’autres ce qu’il a reçu. « Il faut prendre soin de la communauté, souligne-t-il, parce qu’en fin de compte, c’est la communauté qui prendra soin de vous. »
3. Saisir les occasions de changer les choses
En tant que stagiaire au Black Healing Centre (BHC), Akinyi Oluoch (MA en thérapies par les arts) a contribué à coordonner la programmation intergénérationnelle qui repense la guérison sous un angle communautaire et artistique.
Son stage l’a aidée à voir la possibilité d’exercer une influence importante au sein du secteur communautaire, même en tant qu’étudiante stagiaire. Elle se souvient avoir proposé une idée d’atelier que BHC a non seulement acceptée, mais aidé à concrétiser. « C’était incroyable, relate-t-elle, mes idées n’allaient plus être reléguées à mon cahier de notes : elles allaient devenir bien réelles. Je vis mon rêve en ce moment. »
Akinyi a également acquis une meilleure compréhension du contexte de collaboration dans le domaine du travail communautaire. « J’ai remarqué que d’autres organismes fournissaient des services similaires à ceux de BHC, mais qu’au lieu d’être en concurrence, ils collaboraient. Il y a assez de gens qui ont besoin d’un soutien en santé mentale – il y a de la place pour tout le monde. »

4. De la théorie à la pratique
Sarah Blais a effectué un stage à la Maison LI-BER-T, organisme qui fournit des logements et des services de soutien aux femmes sortant d’un programme de traitement de la toxicomanie. En tant qu’étudiante en affaires publiques et communautaires et analyse des politiques, elle a constaté que son expérience sur le terrain a profondément enrichi sa formation générale.
Elle a également apprécié la façon dont le stage l’a aidée à intégrer des exemples du monde réel dans ses études. « Lorsqu’un professeur aborde un enjeu, je me demande aussitôt comment il s’applique à la Maison LI-BER-T, illustre-t-elle. Cela a donné plus de sens à mes cours. »
En classe, nous discutons de théories. Mais la mise en pratique de la théorie est différente. Certaines choses ne fonctionnent pas de la même manière que dans un manuel.
Cette expérience a également renforcé ses compétences en matière de gestion de crise. « J’ai beaucoup appris de Liane, la fondatrice de la Maison LI-BER-T, souligne Sarah. Elle est un point d’ancrage en cas de crise et un modèle pour tout le monde. »
Sarah souhaite continuer à travailler dans le milieu communautaire et se réjouit des compétences qu’elle a développées. « Je veux rester impliquée dans le travail social, affirme-t elle. Même au-delà de ma carrière, les choses que j’ai apprises ici sont des outils pour la vie. »
5. Les changements systémiques demandent du temps
Hany Shokair a effectué un stage chez Sex[M]ed, organisme canadien à but non lucratif qui lutte contre les inégalités en matière de santé sexuelle. Activiste engagé pendant sa jeunesse en Syrie, il a vu une occasion d’explorer le travail professionnel au Canada tout en restant fidèle à ses racines militantes. Il explique que les ateliers du programme l’ont aidé à développer l’autocompassion et la perspective d’une échelle de temps plus longue pour le travail de promotion de la justice sociale. « Parfois, on se sent épuisé et on a envie de tout arrêter, reconnaît-il. Mais grâce aux ateliers du SHIFT, j’ai appris à faire les choses étape par étape, à être plus indulgent avec moi-même et à cesser de me sentir coupable de ne faire qu’une petite partie du travail. »
Ayant terminé son stage, Hany fait maintenant une maîtrise en intervention dans les systèmes humains à Concordia. Conscient qu’il est seulement « une pièce d’un grand puzzle », il a hâte d’utiliser la boîte à outils élargie qu’il est en train de se constituer dans le cadre de ses études supérieures afin de continuer à soutenir la population migrante 2SLGBTQIA+.
Grâce aux stages du SHIFT, non seulement les étudiantes et étudiants acquièrent-ils une expérience professionnelle, mais ils apportent également de nouvelles perspectives à leur communauté et à leurs lieux d’études. Les stagiaires contribuent à façonner les organismes auprès desquels ils travaillent, tout en voyant leur propre parcours façonné en retour. Ces relations réciproques renforcent le SHIFT et les communautés avec lesquelles nous collaborons, faisant du programme de stages un cycle continu d’apprentissage et d’action.
Vous souhaitez en savoir plus sur le programme de stages SHIFT ?
Rejoignez-nous pour l'événement de clôture de 2025, le 10 avril ! L'événement comprendra un panel communautaire, ainsi qu'une exposition multimédia créée par les étudiant.e.s sur leur engagement dans le travail de transformation sociale.
