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Lettre du Centre SHIFT - octobre 2024

Photograph of an individual standing up on a platform giving a presentation to a room of people, with a slideshow that says "SHIFT" in the background. SHIFT presenting at Philanthropic Foundations Canada Conference 2024

À la fin du mois de septembre, à l’occasion d’une table ronde organisée dans le cadre de la conférence nationale de l’organisme Fondations philanthropiques Canada, j’ai présenté le modèle de gestion participative des subventions adopté par le Centre SHIFT. La table ronde portait principalement sur la « philanthropie fondée sur la confiance », modèle selon lequel les fondations reconnaissent les déséquilibres de pouvoir inhérents entre les fondations, les organismes sans but lucratif et les communautés, et s’efforcent de rééquilibrer le pouvoir. Parmi les « mesures audacieuses » qu’une fondation peut prendre pour mettre en œuvre ce modèle, on a mentionné le financement pluriannuel illimité, l’allègement de la paperasserie, la sollicitation des commentaires ainsi que l’adoption d’une attitude fondée sur le désir d’apprendre et l’humilité (Fondations communautaires du Canada, anglais seulement). Ce modèle considéré comme radical et révolutionnaire semble prometteur à première vue, mais sa mise de l’avant implique nécessairement que la confiance en elle-même est un acte radical. Mais qu’est-ce que la confiance a de si radical? 

À la conférence, j’ai également eu la chance d’assister à un exposé de l’Annauma Community Foundation, une nouvelle fondation gérée par la collectivité – la première du genre – au Nunavut. Au cours de leur présentation, les panélistes (deux des cofondatrices, Udloriak [Udlu] Hanson et Virginia Qulaut Mearns) ont brièvement expliqué comment leur fondation distribue les fonds : en faisant appel à un processus décisionnel fondé sur le consensus, aux termes duquel les personnes candidates elles-mêmes se réunissent en tant que cohorte pour décider de la manière dont le montant de la subvention sera réparti. 

Interrogées par un participant sur ce processus et sur la façon dont elles en étaient venues à adopter cette structure de gouvernance, les panélistes ont expliqué qu’il s’agissait simplement de la « manière inuktitut » de travailler ensemble et de prendre des décisions. La fondation n’avait jamais « créé » de structure; les choses en auraient toujours été ainsi, et cette façon de faire avait émergé de manière organique. En écoutant Udlu et Virginia, j’ai repensé à Une renaissance plutôt qu’une revitalisation, l’article que nous publions ce mois-ci rédigé par Autumn Godwin, du groupe Buckskin Babes, sur la renaissance des pratiques traditionnelles de tannage des peaux d’orignal. À l’instar de cette tradition culturelle, la prise de décision fondée sur la confiance est une pratique qui n’a rien de nouveau.

Le lendemain, lors de la table ronde à laquelle participait le Centre SHIFT, j’ai été frappée par la dissonance entre les propos que j’avais entendus de la bouche d’Udlu et de Virginia et la manière dont mes pairs des grandes fondations privées et d’entreprise décrivaient la philanthropie fondée sur la confiance comme quelque chose qui n’est pas – ou n’a pas été jusqu’ici – une façon inhérente d’entrer en relation les uns avec les autres. Plutôt qu’une innovation, les modèles tels que la philanthropie fondée sur la confiance ou la prise de décision communautaire devraient être considérés comme un retour, un renouement avec notre humanité fondamentale et nos relations réciproques. 

Tel est le thème de la première édition du SHIFT Journal, parue en octobre 2024. Nous avons voulu y publier des articles portant sur le retour à des relations empreintes de confiance, de respect et de compréhension en tant que fondement de toute action pour la justice. On trouve dans ce numéro l’article d’Autumn sur le camp de tannage, un récapitulatif de notre récent événement Pathways to Accountability sur les conflits intracommunautaires, un article où l’octroi de subventions est comparé à une forme de jardinage, et le premier volet d’une courte série d’Andrea Clarke sur l’adaptabilité de l’approche participative du Centre SHIFT.

Je suis très fière du travail accompli jusqu’à présent pour bâtir le SHIFT Journal, et j’ai hâte d’accueillir les contributions de l’ensemble des membres de notre communauté sur leurs travaux transformateurs.

Merci,

Richenda

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