Skip to main content

Pour une collaboration efficace en matière de recherche communautaire

Par Dagen Perrott

Photo: three panelists and SHIFT staff person at the event (from left to right, Govind Gopakumar, Brooke Rice, Elena Tresierra-Farbridge, Elisabeth Cramer).

La collaboration de recherche est centrée sur le travail de Tkà:nios, un collectif intergénérationnel de membres de la communauté de Kahnawake qui s’efforce de faire revivre les modes de vie traditionnels des Haudenosaunee en favorisant les habitudes alimentaires locales et l'avancement de la souveraineté alimentaire. Avec le soutien du Centre SHIFT, l’organisme s’est engagé dans une collaboration avec des chercheuses et chercheurs du Centre Génie et société afin d’élaborer des plans techniques pour une infrastructure physique (par exemple, une cuisine communautaire, une banque de semences, un pavillon d’apprentissage) qui offrira un lieu d’accueil à long terme pour son travail à Kahnawake.

Tout au long de l’activité, plusieurs ingrédients d’une collaboration efficace en matière de recherche communautaire sont apparus. Voici ce que nous avons retenu de la discussion.

Photo: Tkà:nios

Ancrage communautaire

Pour Tkà:nios, cette collaboration de recherche n’est qu’un aspect du travail de fond que l’organisme effectue au sein de la communauté de Kahnawake. Décrite par Govind Gopakumar comme un « projet de développement technologique mené par la communauté », la recherche invite des finissantes et finissants en génie à élaborer des plans d’infrastructure physique qui reposent sur la vision communautaire d’un centre agroalimentaire. Tkà:nios considère cette infrastructure comme un objectif central à long terme, en complément de son travail actuel d’organisation d’un jardin communautaire et d’ateliers d’apprentissage axé sur le territoire qui insufflent une nouvelle vie aux méthodes ancestrales.

Dans ce contexte, la recherche se développe parallèlement aux autres activités du collectif Tkà:nios, ce qui permet des échanges qui se renforcent mutuellement entre universitaires et membres de la communauté.

Respect et humilité 

Dans une solide collaboration de recherche entre une communauté et une université, chacun apporte une expertise et un point de vue qui complètent ceux des autres et contrastent avec eux. Dans ce partenariat, par exemple, alors que Brooke Rice incarne la vision et l’histoire de Tkà:nios à Kahnawake, Govind Gopakumar fait preuve d’une grande compréhension des limites et, surtout, des possibilités que présente le travail au sein d’un établissement universitaire.

Bien que les panélistes aient apporté leurs dons et leur expertise à la table ronde, ils ont pris soin de se mettre mutuellement en valeur et de souligner l’importance de la collaboration. Ils nous ont rappelé que le respect et l’humilité sont nécessaires pour voir et travailler au-delà des savoirs. Pour Govind Gopakumar, l’une des expressions de ce besoin d’humilité s’est traduite par un appel à relâcher les contraintes universitaires pour permettre à la recherche de se développer avec la communauté et de devenir relationnelle par nature. Bien qu’il ait clairement affirmé que les établissements universitaires n’étaient pas en cause, il a appelé les chercheuses et chercheurs à adopter des stratégies d’humilité et à expérimenter la manière dont les choses pourraient être faites différemment. Ses contributions nous ont invités à remettre en question et à élargir ce qui peut être offert et appris dans le contexte des collaborations de recherche universitaires.

«Peau dure»

Tout en soulignant l’importance du respect et de l’humilité, les panélistes ont clairement indiqué qu’interagir avec la communauté de cette manière signifie qu’il faut tenir compte d’une multitude d’opinions qui ne s’alignent jamais entièrement sur une seule approche. Pour cette raison, le travail communautaire peut nécessiter d’avoir la peau dure. Les panélistes ont reconnu que la complexité de gérer une variété de voix communautaires s’avérait un aspect difficile, mais nécessaire, de la mise en place d’un changement collaboratif.

Souplesse

Elena a expliqué que la recherche générale sur les organismes autochtones comparables en Amérique du Nord se heurte à des obstacles qui remettent en cause l’approche scientifique classique. Les organismes ne disposent pas toujours de sites Web ou de médias sociaux régulièrement mis à jour, et il existe un manque de sources savantes pertinentes. C’est pourquoi sa recherche est devenue un processus relationnel reposant souvent sur des conversations par courriel ou en personne avec des communautés et des organismes. Elle a par exemple raconté qu’une consultation intergénérationnelle de la communauté a donné lieu à des conversations sur ce qui avait été tenté sans succès auparavant et sur la manière dont les jeunes générations pourraient en tirer des enseignements pour l’avenir. Les contributions d’Elena ont mis en évidence le besoin de processus dirigés par des membres de la communauté et la nécessité de faire preuve de souplesse face aux surprises et aux défis qui en découlent.

 

Un désir d'apprendre de différentes personnes et avec celles-ci

Brooke Rice a résumé le tout en évoquant le concept de two-eyed seeing (« vision à deux yeux »), qui consiste à voir les choses à la fois du point de vue autochtone et occidental, dans l’intérêt de tous. Dans le cadre de ce projet de recherche, la vision à deux yeux signifiait élargir le processus pour inclure tout le monde, reconnaître les dons de chacun de même que les nombreux systèmes de connaissances qui existent – en particulier les systèmes de connaissances autochtones sous-représentés –, et en rendre compte. Les panélistes et leur conversation ont ainsi permis de réfléchir à la manière dont le désir sincère d’apprendre des gens et avec eux a rendu cette recherche possible.

Headshot of article writer Autumn Godwin

Dagen Perrott (il) est un colon blanc originaire du Traité 6 et un étudiant diplômé de l'Université Concordia qui poursuit une maîtrise en géographie, études urbaines et environnementales. Il est titulaire d'un baccalauréat en résolution de conflits et en études urbaines et des quartiers défavorisés de l'Université de Winnipeg. Ses intérêts de recherche se situent à l'intersection de l'espace urbain, de la criminalisation et des mouvements pour la justice sociale et spatiale. Lorsqu'il n'étudie pas, on peut le trouver en train de s'occuper de plantes et d'être excessivement compétitif aux jeux de société.

 

Retour en haut de page

© Université Concordia