Une étudiante de Concordia crée une courtepointe faite de matière tissée sur imprimante 3D et de composantes électroniques embarquées
Des instruments musicaux au tissu humain, les possibilités d’application de l’impression 3D semblent aujourd’hui presque infinies. Mais, cette technologie moderne a-t-elle le pouvoir de donner un nouveau souffle à des traditions qui existent depuis des siècles?
C’est ce que croit l’étudiante à la maîtrise en technologie éducative Houda Jawhar. À titre de membres de l’espace réservé aux makers en éducation de l’Institut Milieux de recherche en arts, culture et technologie de Concordia, elle imprime du « tricot » en 3D pour le transformer en courtepointe.
Ancienne infirmière spécialisée en soins intensifs néonataux, Houda Jawhar mène des recherches sur les prototypes portables embarqués et s’interroge sur l’impact des nouveaux composés plastiques dans la vie quotidienne et sur la manière dont notre peau interagit avec ceux-ci.
Suivant les traces des membres de sa famille qui lui ont appris à tricoter au départ, Houda Jawhar souhaite encourager d’autres femmes à s’approprier le rôle de makers et à repousser leurs propres limites, afin d’acquérir de nouvelles compétences qu’elles ne pensaient jamais pouvoir posséder.
Dans chacune de nous sommeille une maker.
Quel est le rapport entre cette image et vos travaux à Concordia?
Houda Jawhar : J’ai grandi en regardant mes deux grands-mères tricoter. Avec le temps, ma passion pour le tricot s’est affirmée, et c’est d’elles que j’ai appris. Un tissu tricoté est doux et souple, alors qu’un objet imprimé en 3D est rigide. Jamais je n’aurais pu imaginer qu’il soit possible de « tricoter » une étoffe par impression 3D et d’obtenir pratiquement la souplesse d’un tricot classique.
Cette photo a été prise le jour où Ann-Louise Davidson, titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia en culture maker, m’a initiée aux tissus imprimés en 3D. En expérimentant avec ces imprimés, j’ai réfléchi à la proximité entre le tissu imprimé en 3D et une étoffe tricotée, ainsi qu’au potentiel que recèle cette technologie en ce qui concerne l’avenir du textile et du vêtement électronique.
Quel est l’objectif du projet sur lequel vous travaillez actuellement?
HJ : Ce projet s’inspire du travail de Joyce Wieland, qui aimait explorer diverses matières et les amalgamer dans ses œuvres. Ainsi, elle avait tenté de rétablir le statut du travail d’aiguille comme forme d’art nécessitant des compétences très avancées et une grande inventivité. Elle s’opposait à la perception réductrice traditionnelle voulant que le travail de courtepointe soit une tâche domestique réservée aux femmes ou une simple activité d’artisanat.
Intitulée Weaving the Fabric of #MilieuxMake, la courtepointe d’Houda Jawhar racontera l’histoire entourant l’espace maker de l’institut Milieux, mettant en lumière les principaux projets et événements qui ont marqué son existence. Les éléments de la courtepointe combineront divers matériaux, dont de l’étoffe tricotée, du tissu imprimé en 3D, des composantes électroniques embarquées et des capteurs.
Quels pourraient en être les effets concrets dans la vie des gens?
Chaque élément de la courtepointe vise à présenter une différente approche du « faire » qui contribue à l’ensemble de « l’étoffe » de la culture maker, tel qu’elle se vit ici dans les laboratoires ouverts de l’Université.
Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous heurtez dans le cadre de votre projet?
HJ : Pour chaque élément de la courtepointe, je dois acquérir de nouvelles compétences. Cette démarche est une formidable occasion d’apprentissage continu. Au fur et à mesure que je planifie les concepts et leur design, des défis émergent.
Je dois constamment me poser la même question : « Comment puis-je fabriquer ça? » Ces défis constituent l’essence de la culture maker. La recherche de solutions s’effectue par l’entremise de différents canaux, de collaborations, d’expériences de bidouillage et de manipulation, afin d’en arriver à la meilleure option possible.
En trois mois, j’ai dû acquérir de nombreuses compétences – par exemple, comment utiliser des imprimantes 3D et concevoir des objets en trois dimensions, comment faire fonctionner des circuits électriques, comprendre les signaux électriques ainsi que la programmation de microcontrôleurs Arduino, entre autres. Pour quelqu’un ayant une formation en soins infirmiers, je ne croyais pas que ce soit possible.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiants en STIAM (sciences, technologie, ingénierie, arts et mathématiques) qui veulent se lancer dans ce type de recherche?
HJ : Mon conseil aux étudiants en STIAM, particulièrement aux filles qui s’intéressent à la culture maker : ne soyez par timides; n’ayez pas peur d’exprimer vos idées. Dans chacune de nous sommeille une maker. En participant activement au façonnement de la culture du faire, nous pouvons briser les stéréotypes à l’égard des filles en STIAM.
Un deuxième conseil? Choisissez-vous un directeur ou une directrice avec qui vous pouvez grandir et qui considère votre désir de réussir comme un des principaux objectifs et moteurs de votre travail. Ann-Louise m’a amenée à apprendre et à grandir, d’une manière telle que je n’aurais jamais pu imaginer.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Concordia?
HJ : J’aime le caractère inclusif de la communauté qui s’y trouve! Concordia est un lieu où règnent la diversité et le multiculturalisme. Dès le moment où j’ai commencé ma maîtrise ici, je me suis sentie accueillie et libre d’exprimer mes idées et mes opinions, et ce, dans un milieu sûr, qui prône le respect et fait place à la différence.
Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?
HJ : J’ai obtenu l’appui financier de la Chaire de recherche de l’Université Concordia en culture maker, de l’Institut Milieux de recherche en arts, culture et technologie et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Apprenez-en davantage sur l’Institut Milieux de recherche en arts, culture et technologie de Concordia et le programme de technologie éducative.