Skip to main content

Les gravures de Jean Paul Riopelle et les créatures hybrides mi-rat, mi-humain, de Bonnie Baxter cohabitent au Musée des beaux-arts de Sherbrooke

Dans cette nouvelle exposition, la professeure en médias d’impression de l’Université Concordia retrouve son ancien collaborateur
1 février 2023
|
Exposition des photos d'hybrides rat-humain de Bonnie Baxter
Plan d'installation Apprivoiser La Bête, 2023. Impression numérique , 40 x 60", Steady, 2018

Dans le monde des arts visuels québécois, peu d’artistes ont laissé une marque aussi indélébile que Jean Paul Riopelle, et peu ont côtoyé ce dernier d’aussi près et aussi longtemps que Bonnie Baxter. Mme Baxter, elle-même une artiste multimédia réputée, est chargée de cours à temps partiel en médias d’impression à la Faculté des beaux-arts. Avec son conjoint, elle a maintenu des contacts étroits avec Riopelle et ses compagnes pendant huit années où ils ont vécu, travaillé, voyagé et créé ensemble dans leurs résidences voisines des Laurentides, au nord de Montréal.

Cette année, alors que le milieu des arts souligne le centième anniversaire de naissance de Riopelle, le Musée des beaux-arts de Sherbrooke accueille une exposition réunissant les œuvres des deux artistes. Apprivoiser la bête présente des gravures de Riopelle, ainsi que des œuvres gravées, sculptées et numériques de Baxter.

Comme l’explique Mme Baxter, le titre de cette exposition, qui forme un genre de bestiaire, recèle de multiples couches de sens.

« L’impression comporte une foule de variables, y compris l’humidité du papier, la viscosité de l’encre, la force appliquée par la presse, détaille-t-elle. Je vois toutes ces variables comme des animaux sauvages qui ont chacun une voix propre. Pour produire une gravure, il faut apprivoiser ces bêtes, harmoniser ces voix pour en créer une seule. »

Bonnie Baxter dans le studio Design Arts Bonnie Baxter : « Nous étions animés par une volonté commune de bafouer les règles pour les réinventer de manière ludique. »

Inspiration animalière

L’exposition réunit non seulement les œuvres de deux collaborateurs qui emploient le même médium, mais aussi deux artistes fascinés par le monde animal.

« Nous utilisons tous les deux les animaux comme catalyseurs et sujets de nos œuvres, précise Mme Baxter. Elles traitent de la nature à travers notre amour et nos observations de la nature. »

Riopelle a produit de nombreuses images de la faune québécoise, qui le passionnait. Des figures d’oies, de hiboux, de gibiers et même d’animaux de ferme dominent fréquemment ses gravures et ses peintures. Pour sa part, Baxter s’est penchée sur une tout autre bête qui côtoie souvent de près le genre humain : le rat.

Dans sa série d’expositions RatKind, elle place ce rongeur mal-aimé au cœur d’un commentaire sur l’actualité et l’avenir, imaginant une Terre irrémédiablement ruinée par l’être humain où les rats auraient pris le contrôle et appris à vivre en harmonie avec la nature. La série comportera des gravures, des impressions numériques, des xylographies, des vidéos et des sculptures.

Bonnie Baxter décrit RatKind comme un commentaire à la fois sur sa propre peur des ravages et de la disparition éventuelle de la beauté naturelle causés par les changements climatiques et sur la peur de l’autre propre à l’humanité. Elle indique avoir eu de la difficulté à exposer cette série en raison de sa thématique et des réactions très négatives que suscitent les rats chez un nombre étonnamment élevé de personnes.

« J’ai été choquée et fascinée de voir que certaines personnes détestent les rats de manière viscérale, confie-t-elle. J’ai l’impression que ce genre de peur de la différence est à l’origine du racisme. Or, en n’affrontant jamais la peur, nous ne pourrons jamais la surmonter et évoluer comme société. »

En immersion totale

De 1985 à 1992, tout en enseignant à l’Université Concordia, Mme Baxter a vécu huit années étourdissantes de créativité et d’aventures où elle collaborait avec Riopelle. L’art et la vie étaient indissociables.

« Avec Jean Paul, il n’y a jamais eu de distinction. Il n’était pas question de travailler dans le studio de neuf à quatre, puis d’aller manger. Le travail, la vie et l’art, cela ne faisait qu’un. Nous étions toujours dans le studio pour travailler, manger, boire et voyager. C’était une immersion totale dans la vie et l’art, et la manière de les conjuguer. Nous étions animés par cela, ainsi que par une volonté commune de bafouer les règles pour les réinventer de manière ludique. »

Apprivoiser la bête est à l’affiche du 2 février au 23 avril au Musée des beaux-arts de Sherbrooke.

Renseignez-vous sur l’exposition Jean Paul Riopelle / Bonnie Baxter. Apprivoiser la bête.



Sujets tendance

Retour en haut de page

© Université Concordia