La chercheuse engagée de l’Université Concordia Maxine Iannuccilli étudie le développement, chez les enfants, des croyances sur le genre et l’intelligence
Si l’hypothèse autrefois largement répandue voulant que les hommes soient plus intelligents que les femmes a depuis longtemps été réfutée, les stéréotypes sur le genre et l’intelligence persistent. Maxine Iannuccilli, chercheuse engagée à l’Université Concordia, entend bousculer ces idées profondément ancrées en cernant la manière dont les enfants intègrent à un jeune âge leurs croyances sur le genre.
D’après la chercheuse, les idées reçues sur l’intelligence mènent aux inégalités problématiques entre les sexes que l’on observe encore aujourd’hui. En effet, elle a récemment corédigé une étude qui révèle que les femmes sont moins susceptibles de s’intéresser aux disciplines qui leur semblent exiger une grande intelligence.
En examinant le type de messages genrés qu’entendent les jeunes filles et garçons au sujet de leurs capacités, la doctorante au Département de psychologie espère découvrir comment ces croyances sont internalisées et trouver des moyens efficaces d’intervenir.
Les travaux de Maxine Iannuccilli sont financés par le Conseil de recherches en sciences humaines.
« Les croyances sur le genre ont une incidence sur notre bien-être émotionnel et sur la façon dont nous exprimons nos identités »
Que savons-nous déjà de la manière dont les enfants intègrent les stéréotypes de genre?
Maxine Iannuccilli : Il existe de nombreuses sources distinctes de croyances stéréotypées sur le genre : la façon dont les adultes parlent aux enfants, celle dont les pairs se parlent entre eux, les petits indices dans l’environnement qui nous disent ce qui est destiné à un genre plutôt qu’à un autre. Les médias ont par ailleurs toujours constitué une importance source d’idées et de messages genrés. Ce sont là autant d’exemples de sources qui véhiculent des messages sur les rôles sociaux. En matière de genre, quantité de facteurs influencent les enfants dès leur plus jeune âge.
À quelles méthodes avez-vous recours pour déterminer comment les enfants reçoivent ces messages?
MI : Je considère les messages que les parents transmettent à leurs enfants lorsque ceux-ci éprouvent des difficultés comme une source potentielle de stéréotypes genrés sur les capacités intellectuelles. En effet, certaines études donnent à penser que la transmission d’une grande partie de nos croyances sur l’intelligence dépend de la façon dont nous réagissons à l’échec. Dans le cadre de nos expériences, nous observons ainsi comment les parents parlent à leurs enfants lorsqu’ils tentent de résoudre ensemble divers casse-têtes particulièrement difficiles. Nous cherchons en fait à savoir si la rétroaction des parents diffère selon le genre de l’enfant. Notre objectif est de dévoiler les messages genrés subtils qu’entendent les enfants au sujet de leurs capacités.
Quel impact espérez-vous avoir grâce à vos recherches?
MI : L’objectif global est de mieux comprendre la transmission des stéréotypes de genre. Nous pourrons ainsi trouver des moyens efficaces d’intervenir et, en fin de compte, d’empêcher que de telles croyances se perpétuent. Les stéréotypes liés au genre influent sur les champs d’intérêt et les motivations, sur la réussite universitaire et professionnelle ainsi que sur les opportunités offertes
Les croyances sur le genre et les rôles liés au sexe ont aussi une incidence sur notre bien-être émotionnel et sur la façon dont nous exprimons nos identités, et ce, chez toutes les personnes. Lorsque nous cherchons à intervenir et à réfuter les croyances strictes au sujet du genre, nous contribuons en définitive à créer des espaces qui promeuvent l’acceptation et l’appartenance pour toutes et tous, et assurent l’égalité des chances à chaque personne.
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