Jenny Chaverri allie le génie civil et la justice environnementale et sociale en vue d’une planification durable de la mobilité urbaine
Jenny Chaverri (Ph. D. 2023) ouvre de nouvelles avenues en planification et en génie du transport. Elle milite pour l’intégration des 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies dans la planification de la mobilité urbaine.
Elle explique son approche dans sa thèse intitulée « Planifier la mobilité urbaine en fonction des objectifs de développement durable des Nations Unies ». Sa démarche met l’accent sur la justice sociale, l’atténuation des changements climatiques, les villes saines, le développement économique et la gouvernance urbaine.
Jenny Chaverri a obtenu son doctorat à l’Université Concordia en génie du bâtiment, civil et environnemental. Ses directrices de recherche étaient Ursula Eicker, titulaire de la chaire en recherche d’excellence du Canada sur les collectivités et les villes intelligentes, durables et résilientes de Concordia ainsi que Ketra Schmitt, professeure agrégée au Centre Génie et société.
La nouvelle diplômée est également membre de l’Institut des villes nouvelle génération.
Originaire de San José, au Costa Rica, Jenny Chaverri a occupé dans cette ville le poste de responsable de l’audit technique pour le réseau routier national. Ses fonctions étaient axées sur la lutte contre la corruption et la recommandation de normes plus élevées en ingénierie.
L’engagement de Mme Chaverri l’a menée aux Nations Unies, où elle était chargée d’interroger divers organismes afin d’acquérir une compréhension globale des points de vue internationaux sur les villes durables et les objectifs de développement durable. Elle a présenté des exposés dans de nombreuses rencontres des Nations Unies, notamment la conférence internationale 2023 sur le développement durable.
Elle se passionne pour l’analyse des répercussions sociales depuis le début de sa carrière, lorsqu’elle œuvrait en sécurité routière. À ses yeux, le génie joue un rôle essentiel dans l’aménagement des sociétés.
« Il nous faut changer nos mentalités et intégrer la justice sociale et environnementale aux projets d’ingénierie. »
Un nouveau cadre de planification et de conception de la mobilité urbaine
Dans sa thèse, Jenny Chaverri élabore un cadre conceptuel d’investissement pour la planification et la conception d’une mobilité urbaine durable. Elle propose d’arrimer l’ensemble des 17 ODD à cinq volets stratégiques : justice sociale, santé, changement climatique, développement économique et gouvernance.
Selon la chercheuse, le maintien du modèle actuel essentiellement axé sur le profit est néfaste à long terme, en particulier pour les communautés marginalisées.
« En développement durable, on recherche la prospérité, mais non sans viser du même coup à réduire les inégalités sociales et à protéger l’environnement, explique-t-elle. Lorsque nous prenons des décisions économiques, il nous faut tenir compte de leurs impacts sur la société. »
Jenny Chaverri a élaboré un ensemble de paramètres liés à des systèmes de suivi ayant pour fonction d’évaluer les progrès réalisés dans l’atteinte des objectifs de développement durable. Ainsi, en intégrant les ODD, les villes pourront assurer leur prospérité d’une manière inclusive et respectueuse de l’environnement.
Elle présente également deux études de cas portant sur la ville de San José.
L’une d’entre elles analyse les émissions générées par le transport en utilisant un système de surveillance local fondé sur une approche ascendante et sur un modèle de demande de transport. Ce type de modèle permet d’évaluer le nombre de personnes susceptibles d’utiliser divers modes de transport – comme la voiture, les transports en commun, le vélo ou la marche – et de déterminer où et quand les déplacements auront lieu.
Le système de suivi conçu par la chercheuse permet non seulement d’évaluer les émissions actuelles, mais également de prévoir les résultats futurs en tenant compte des différents rythmes d’introduction des véhicules électriques. Inédite, cette approche granulaire permet aux planificateurs de connaître le taux de pollution atmosphérique liée à la circulation automobile généré pour chaque pâté de maisons.
La deuxième étude de cas constitue un examen approfondi des inégalités liées au genre dans le transport urbain. Jenny Chaverri a analysé la pauvreté et les facteurs environnementaux afin de cerner le lieu de résidence des personnes les plus vulnérables – comme les mères monoparentales ou les personnes vivant avec un handicap – à San José.
Elle a par la suite examiné la relation spatiale de ces personnes avec les zones urbaines où la qualité de l’air est la plus mauvaise en raison de la circulation automobile. Elle a enfin recommandé des stratégies et des priorités en matière de transport visant à réduire la pollution de l’air.
La chercheuse a conclu que les femmes, en particulier les mères monoparentales ne possédant pas de véhicule, constituent l’un des groupes les plus isolés de San José. Leurs itinéraires quotidiens étant plus complexes que ceux des hommes, les femmes font également face à des défis de taille dans les villes qui ne disposent pas d’un bon système de transports publics.
Jenny Chaverri dit espérer que ses recherches encourageront les ingénieurs à dépasser les méthodes classiques. « Le génie est un moyen d’améliorer la société, ainsi que la qualité de vie », affirme-t-elle.
« Nous devons intégrer la justice sociale et environnementale aux processus de prises de décisions économiques. »
Apprenez-en davantage sur les recherches menées à l’Institut des villes nouvelle génération de l’Université Concordia.