Une exposition présentée à la Galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia explore des aspects de la longue tradition du théâtre contestataire
La Galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia propose une toute nouvelle exposition sur le théâtre militant mettant à l’honneur des œuvres d’artistes contemporains.
Une scène pour la rébellion est commissariée par Julia Eilers Smith, conservatrice de recherche Max Stern à la Galerie Leonard & Bina Ellen. S’échelonnant du 18 novembre au 27 janvier, l’exposition revisite des pièces de théâtre populaires tombées dans l’oubli et les examine sous l’angle des luttes contemporaines pour la justice.
Elle présente les œuvres de sept artistes et d’un collectif :
- Wingston González
- Clara Ianni
- Onyeka Igwe
- Amol K Patil
- Bouchra Khalili
- Naufus Ramírez-Figueroa
- The Living and the Dead Ensemble
- Ashes Withyman
Les artistes explorent les pratiques théâtrales qui ont émergé dans des contextes de répression et de conflits politiques, dont beaucoup sont liés à la résistance anticoloniale du milieu du 20e siècle.
« Revisitant des œuvres allant des spectacles militants du Teatro Arena de São Paulo aux troupes médiévales et contemporaines itinérantes, l’exposition nous rappelle que le théâtre est toujours politique », indique Smith.
Ces œuvres d’art examinent entre autres le théâtre agit-prop du Mouvement des travailleurs arabes en France et une troupe de théâtre universitaire active pendant la guerre civile au Guatemala.
Sont également présentées des pièces de théâtre au service des mouvements anticoloniaux au Royaume-Uni et de la résistance de la classe ouvrière en Inde, ainsi qu’un collectif d’artistes révolutionnaires à Port-au-Prince, en Haïti.
Par ailleurs, certains artistes explorent également la question du corps en tant que dépositaire de la mémoire. Ils montrent que le corps possède un savoir qui transcende les récits historiques.
Dans Repetições (2017-2018), Clara Ianni se penche sur la première pièce de théâtre réalisée à São Paulo pour dénoncer le coup d’État militaire de 1964, « Arena Conta Zumbi ». L’artiste examine la pièce à travers les souvenirs d’un de ses acteurs, Izaias Almada.
Ianni filme l’acteur se livrant à des exercices physiques pour se remémorer ses répliques. En revisitant cette production, l’artiste dresse un parallèle avec le Brésil d’aujourd’hui et réfléchit aux changements survenus depuis la création de la pièce.
D’autres artistes extraient, éditent et reconstituent des archives, réécrivant les récits du passé et créant de nouvelles perspectives sur les événements historiques.
History is an Endless Play (2023) est une installation vidéo à deux canaux réalisée par Onyeka Igwe. Intégrant des documents d’archives, le film crée un nouveau récit spéculatif. Il met en scène deux femmes de générations différentes ayant toutes deux participé aux mouvements d’indépendance de l’après-guerre, qui se retrouvent à Londres pour mettre leur ferveur et leur imagination au service de l’écriture d’une pièce de théâtre révolutionnaire.
D’autres œuvres s’inspirent des pratiques théâtrales historiques pour aborder les luttes et les préoccupations d’aujourd’hui, intégrant ces procédés hérités du passé dans des performances contemporaines.
Le collectif The Living and the Dead Ensemble réunit artistes, performeurs et poètes originaires d’Haïti, de la France et du Royaume-Uni. Par divers moyens d’expression, le groupe s’attache à raconter l’histoire et à décrire le présent à partir d’une perspective haïtienne.
Dans son projet The Wake (de 2019 à aujourd’hui), le collectif participe à des interventions poétiques, à des soirées de contes, à des performances théâtrales et à la réalisation d’un nouveau film. Le groupe interprète souvent les œuvres de dramaturges et d’écrivains caribéens des années 1960 et 1970.
« Je me suis toujours intéressée aux performances et aux pratiques artistiques qui se déroulent dans la rue et qui ne se cantonnent pas nécessairement à un objet dans un espace institutionnel », partage Julia Eilers Smith.
« Toutes ces œuvres d’art soulignent le potentiel politique et contestataire du théâtre, qui transcende les époques. »
Une scène pour la rébellion est présentée du 18 novembre au 27 janvier à la Galerie Leonard & Bina Ellen (1400, boulevard De Maisonneuve Ouest).
Assistez à l’inauguration de l’exposition le 18 novembre de 15 h à 17 h.