Les interventions non pharmaceutiques ont permis de sauver des vies et de réduire la morbidité durant la première vague de COVID, révèle une nouvelle étude
Les mesures prises par les gouvernements à l’échelle mondiale au début de la pandémie de COVID-19 en 2020 demeurent, encore aujourd’hui, une source de controverse chez les spécialistes des politiques publiques, les chercheurs et les commentateurs des médias. Certaines analyses soutiennent que ces interventions n’ont guère permis de réduire les taux de mortalité ou d’enrayer la propagation du virus.
Or, une nouvelle étude menée par James Peters, doctorant à l’Université Concordia, et Mohsen Farhadloo, professeur adjoint au Département de gestion de la chaîne d’approvisionnement et des technologies d’affaires de l’École de gestion John-Molson, affirme le contraire.
Selon MM. Peters et Farhadloo, certaines de ces analyses ne tiennent pas compte de l’efficacité des interventions non pharmaceutiques sur d’autres aspects, tels que la diminution du nombre d’hospitalisations et du nombre total de cas. D’autres études n’ont pas tenu compte des données recueillies à des moments différents après la mise en œuvre, prenant essentiellement un instantané d’une situation et extrapolant des conclusions.
Dans leur compte rendu publié dans la revue AJPM Focus, MM. Peters et Farhadloo font remarquer que les interventions non pharmaceutiques ont permis en effet de réduire les taux d’augmentation des décès, des cas et des hospitalisations au cours de la première vague de la pandémie.
Les chercheurs espèrent que leurs résultats contribueront à dissiper certaines idées fausses qui continuent de circuler à ce jour.
De petits nombres, une grande incidence
Les chercheurs ont procédé à une analyse documentaire systématique de 44 articles provenant de trois bases de données distinctes qui utilisaient des données recueillies lors des six premiers mois de la pandémie. Ils se sont concentrés sur cette période, car dès le début de la deuxième vague, à l’automne 2020, les gouvernements et les citoyens avaient déjà modifié leurs comportements – ayant eu le temps de s’adapter aux mesures en place.
MM. Peters et Farhadloo ont harmonisé les différents paramètres utilisés dans les articles et ont réparti les différents types de mesures de prévention en dix catégories. Ils ont ensuite évalué leur efficacité à l’égard du nombre de cas, du nombre d’hospitalisations et du nombre de décès sur deux, trois ou quatre semaines, voire plus, après leur mise en œuvre.
Les chercheurs font notamment état des résultats suivants :
● Le port du couvre-visage a été associé à une diminution du nombre de cas et de décès.
● La fermeture des écoles et des entreprises a entraîné une baisse du nombre de décès par habitant, mais ces effets ont diminué après quatre semaines.
● La fermeture des restaurants et des bars et les restrictions en matière de voyage se sont soldées par des baisses de la mortalité après quatre semaines.
● Les mesures de confinement ont permis de réduire le nombre de cas, mais seulement après un délai de deux semaines.
● Les mesures de confinement et le port du couvre-visage ont été associés à une diminution du fardeau en matière de soins de santé.
● La rigueur des politiques en place, les mesures de confinement, le port du couvre-visage, les restrictions appliquées aux rassemblements et la fermeture des écoles ont été associés à une diminution du taux de mortalité et à un ralentissement de la croissance du nombre de cas.
« Nous avons observé que le port du masque entraînait une réduction estimée d’environ 2,76 cas pour 100 000 personnes et de 0,19 % du taux de mortalité. À première vue, ces effets peuvent sembler minimes, mais ils sont significatifs sur le plan statistique », explique James Peters.
« À l’échelle du million, ces interventions pourraient permettre d’éviter des centaines, voire des milliers de décès », précise-t-il.
Comprendre l’utilité de ces mesures peut aider à contrer la montée de la désinformation en ligne, ajoute le Pr Farhadloo.
« Nous avons amorcé ce projet de recherche en 2022, alors que les mesures sanitaires étaient encore en place. À l’époque, certaines personnes citaient des études indiquant que ces mesures n’étaient pas efficaces. Or, les articles de recherche scientifique sur lesquels elles basaient leurs propos présentaient des lacunes. »
« Nous voulions réagir à la désinformation qui était diffusée sur les médias sociaux en sensibilisant le public à ce sujet. »
James Peters est d’avis que le compte rendu qu’il a rédigé en collaboration avec le Pr Farhadloo examine l’efficacité des interventions sur une période plus longue que la plupart des études précédentes. Il estime en outre que le document peut contribuer à informer les décideurs politiques à l’avenir.
« Advenant la survenue d’une nouvelle pandémie, nous devrions être mieux préparés. Nous devrions savoir quelles sont les politiques publiques les plus efficaces pour réduire non seulement la mortalité, mais aussi le nombre de cas et les hospitalisation.
Lisez l’article cité (en anglais) : The Effects of Nonpharmaceutical Interventions on COVID-19 Cases, Hospitalizations, and Mortality: A Systematic Literature Review and Meta-analysis.