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Ouverture au Rwanda d’une exposition d’histoire orale de l’Université Concordia

Du 7 au 16 juin : l’exposition Cartographies de la mémoire – Atlas des récits de vie rwandais sera présentée au Mémorial du génocide de Kigali
7 juin 2024
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Image en diptyque de personnes assistant à une exposition dans une salle.
L’exposition Cartographies de la mémoire – Atlas des récits de vie rwandais s’est tenue au Centre d’histoire orale et de récits numérisés et au Laboratoire d’écoute active de l’Université Concordia, du 28 avril au 18 mai 2023.

Le Centre d’histoire orale et de récits numérisés (CHORN) a tenu la première version de l’exposition Cartographies de la mémoire – Atlas des récits de vie rwandais au printemps 2023.

L’exposition présentait les résultats de plusieurs années de recherche menée en collaboration avec PAGE RWANDA, l’Association des parents et amis des victimes du génocide contre les Tutsis du Rwanda.

Les membres de la communauté rwandaise de Montréal ont raconté des histoires qui ont ensuite été cartographiées dans la version numérique de l’Atlas des récits de vie rwandais. Les résultats d’une collaboration cartographique intime étaient également exposés.

L’exposition sera présentée au Mémorial du génocide de Kigali, du 7 au 16 juin, dans le cadre de la 30e commémoration du génocide de 1994 contre les Tutsis du Rwanda.

Un groupe d'individus dans une pièce face à un mur sur lequel se trouvent de petites affiches de photos de personnes et de cartes, côte à côte. Les participants au lancement de l'exposition au Mémorial du génocide de Kigali en début de semaine.

Compilation de témoignages

Le projet actuel est une expansion du projet Histoires de vie Montréal dirigé par Steven High, professeur d’histoire à l’Université Concordia et fondateur du CHORN.

Pendant cinq ans, des chercheurs universitaires et communautaires ont recueilli les témoignages de près de 500 résidents de Montréal qui avaient été déplacés par la guerre, le génocide et d’autres violations des droits de la personne. Environ 80 entretiens ont été réalisés auprès de la communauté rwandaise de Montréal.

Sébastien Caquard, ancien codirecteur du CHORN et professeur au Département de géographie, urbanisme et environnement de l’Université Concordia, a commencé à cartographier ces récits afin de mieux comprendre les relations complexes entre les lieux, les histoires et les témoignages.

Le Pr Caquard a consulté les membres de la communauté pour obtenir leur avis tout au long du processus, et une relation s’est tissée entre le CHORN et PAGE RWANDA.

« La plupart des gens racontent leur histoire parce qu’ils veulent se faire entendre, explique le Pr Caquard. La cartographie est devenue une façon de diffuser ces récits. »

En tant que fondateur et directeur du laboratoire GeoMedia, Sébastien Caquard a dirigé la création de la plateforme Atlascine. Conçue spécialement pour ce projet, l’application libre de cartographie a été utilisée pour réaliser plusieurs autres atlas en ligne, dont Raconte-moi Riopelle.

À ce jour, 22 histoires ont été compilées dans l’Atlas des récits de vie rwandais.

Capture d'écran de l'Atlas des récits de vie rwandais. À gauche : capture d’écran de l’Atlas des récits de vie rwandais. | À droite : carte sensible des 6 et 7 avril 1994, de l’Atlas subjectif d’Emmanuelle Kayiganwa et d’Élise Olmedo (2023).

Toute l’histoire

Comme l’explique Le Pr Caquard, la cartographie nécessite une grande part d’édition et d’interprétation, ce qui n’est pas approprié pour le traitement de souvenirs traumatiques. « Nous n’étions vraiment pas à l’aise de dire aux gens : “Voici la carte de cette histoire” », indique-t-il. Ils ont donc agrandi la carte pour inclure chaque histoire dans son intégralité.

« Vous pouvez voir ce qu’on a cartographié et la façon dont on s’y est pris, mentionne le Pr Caquard. Les visiteurs peuvent parcourir les histoires ou la carte, comme ils le souhaitent. Nous les avons conçues ainsi pour une raison, mais vous pouvez toujours remettre celle-ci en question. »

Les membres de la communauté rwandaise disent à Sébastien Caquard que la transmission de ces récits, de cette manière, est doublement précieuse. Ce format permet non seulement d’éduquer la jeunesse rwandaise de manière interactive et médiatisée – en donnant accès à des histoires difficiles et en suscitant des conversations – mais aussi de lutter contre le négationnisme.

Comme le fait remarquer le Pr Caquard, de nombreuses personnes voudraient suggérer que ce génocide ne reposait pas sur des raisons ethniques. « Nous voulons que les gens sachent qu’il ne s’agissait pas d’une guerre civile, déclare-t-il. Il faut préserver ces récits; ils participent à la transmission de ce fait au public. »

Cartographie des émotions

Élise Olmedo, lauréate de la bourse postdoctorale Banting, a commencé à étudier plus en profondeur des moments précis. Sa collaboration avec deux participants a abouti à la création de cartes sensibles dessinées à la main.

Inspirée par l’engagement de Mme Olmedo dans ce processus, Emmanuelle Kayiganwa a décidé de collaborer avec elle, commençant à rassembler des photographies et des textes pour raconter l’histoire de son enfance. Aux yeux de Mme Kayiganwa, la cartographie collaborative était l’occasion de faire part de ses émotions.

De concert avec la communauté rwandaise, il a été décidé qu’une exposition serait organisée au CHORN pour faire connaître le fonctionnement de l’atlas et des cartes sensibles.

Comme le raconte le Pr Caquart, la communauté rwandaise, déjà très soudée, est venue en masse pour passer du temps à l’exposition, ce qui a incité la participante Marie-Josée Gicali à proposer de présenter également l’exposition à Kigali.

Détail d'une affiche dessinée et écrite à la main. Détails de « La carte de l’enfance », qui comprend une « carte sensible ». Cette affiche a été créée conjointement par Élise Olmedo et Emmanuelle Kayiganwa.

Carte commémorative

En avril 2024, la communauté rwandaise de Montréal a souligné le 30e anniversaire du génocide en se rassemblant à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. On y a présenté une carte en tissu, et les survivants ont été invités à inscrire le nom de victimes et de lieux importants.

Par la suite, on a transféré ces noms sur une large carte commémorative, qui continuera à s’enrichir au Mémorial du génocide de Kigali.

Le Pr Caquart et Mmes Gicali et Kayiganwa seront sur place, tout comme Kassy Irebe, l’une des nombreuses étudiantes de Concordia travaillant sur le projet. Originaire du Rwanda, Mme Irebe aidera à filmer et à documenter l’exposition.

Une carte sépia avec des mots collés dessus. Aperçu de la carte commémorative avec la contribution des membres de la communauté rwandaise de Montréall.

La transmission de souvenirs traumatiques du génocide rwandais de 1994 – et la création d’un espace propice à la discussion à cet égard – a toujours été au cœur de ce projet.

« Raconter une histoire est une occasion, un cadeau du ciel qui m’a été offert avec grâce, affirme Mme Kayiganwa. Certaines parties – bien réelles – de l’histoire sont très douloureuses, mais semblent irréelles pour les personnes qui ne les ont pas vécues.

« Cependant, le travail collaboratif sur cette histoire a produit une sérénité qui nous permet de continuer. Merci à vous, et merci à tous les gens qui s’engagent à fournir un espace à l’humanité niée qui a conduit au génocide des Tutsis. »


Découvrez la version numérique de l’Atlas des récits de vie rwandais.

L’exposition Cartographies de la mémoire – Atlas des récits de vie rwandais sera présentée au Mémorial du génocide de Kigali, au Rwanda, du 7 au 16 juin.



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