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L’isolement social, la solitude et la fragilité des personnes âgées présentent une interaction complexe pouvant en décupler les effets

Une nouvelle étude menée par l’Université Concordia examine des données recueillies sur 21 ans afin de comprendre la relation entre ces facteurs
12 novembre 2024
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An older adult woman hugs her mother
PIKSEL, iStock

Fereshteh Mehrabi, boursière postdoctorale au Département de psychologie, soutient dans la revue Age and Ageing qu’il existe un lien complexe entre la solitude, l’isolement social et la fragilité.

Les chercheurs ont analysé sept vagues de données recueillies auprès de plus de 2 300 adultes néerlandais âgés, à intervalles de trois ans, entre 1995 et 2016. Elle a constaté que la fragilité physique constituait un prédicteur d’isolement social à long terme et que la solitude pouvait se révéler à la fois une cause et un effet de la fragilité.

Mis ensemble, ces trois facteurs ont d’ailleurs tendance à s’exacerber au fil du temps : les personnes seules et socialement isolées sont davantage susceptibles de voir leur santé se fragiliser et, plus leur état se détériore, plus leur sentiment d’isolement et de solitude s’accroît. Ce phénomène s’accentue avec l’âge.

« Dans six des sept vagues de données analysées, qui couvrent une période de 18 ans, nous avons observé que les personnes âgées fragiles étaient davantage à risque de souffrir de solitude, et dans cinq vagues sur sept, ces personnes étaient en situation d’isolement social », indique la chercheuse.

Deux décennies de données

Les données ont été recueillies dans le cadre de l’étude longitudinale sur le vieillissement d’Amsterdam, lancée en 1992. L’âge moyen des personnes participantes est de 72,6 ans, et environ 52 % d’entre elles sont des femmes. L’âge minimum était fixé à 55 ans.

L’équipe de recherche a évalué l’isolement social des personnes participantes au moyen de six questionnaires. Celles-ci devaient indiquer si elles étaient célibataires, si elles vivaient seules, si elles communiquaient moins d’une fois par mois avec leurs enfants, d’autres membres de leur famille ou des amis, et si elles participaient moins d’une fois par mois à des activités organisées comme des groupes, des clubs ou des offices religieux. Un score élevé dénotait un isolement social plus important. Selon Fereshteh Mehrabi, cette mesure a permis d’analyser l’aspect quantitatif des relations des personnes participantes.

La solitude, quant à elle, concerne plutôt la qualité des relations d’une personne. Dans cette optique, les personnes participantes ont répondu à 11 questions portant sur la qualité de leurs relations interpersonnelles. Elles devaient exprimer leur degré d’accord avec des énoncés tels que « Je regrette de ne pas avoir d’amis très proches ». Plus le score était élevé, plus le sentiment de solitude était marqué.

Enfin, la fragilité a été évaluée à la lumière des maladies chroniques déclarées, de l’état de santé global, des limitations fonctionnelles telles que la capacité à payer ses factures ou à faire ses courses seul, des performances physiques, des troubles de la mémoire et des symptômes dépressifs. La fragilité se traduit par une diminution des réserves physiologiques et de la résilience à la suite d’événements stressants comme une maladie, une blessure ou une intervention chirurgicale.

Renverser le déclin

« Il est important de noter que les personnes socialement isolées ont davantage tendance à acquérir des habitudes de vie néfastes, comme le tabagisme, une alimentation inadéquate, de mauvaises habitudes de sommeil et un manque d’activités sociales », précise la chercheuse.

Sur une note positive, la chercheuse affirme que l’isolement social et la fragilité, et surtout la préfragilité, peuvent être contrés grâce à des changements dans le mode de vie, notamment une meilleure alimentation, une augmentation de l’exercice physique et la participation à des activités de groupe. La pré-fragilité est un stade précoce de déclin physique chez les personnes âgées, marqué par une diminution de la force, une baisse de l'endurance et un ralentissement des mouvements.

« Aujourd’hui, la plupart des interventions sont axées sur les personnes âgées socialement isolées, mais nous devons également cibler les personnes âgées fragiles et faire en sorte qu’elles participent à un plus grand nombre d’activités sociales », ajoute-t-elle.

» Si elles sont fragiles ou en voie de le devenir, nous pouvons leur proposer des activités par l’intermédiaire des établissements de proximité, comme les bibliothèques, ou les encourager à pratiquer des activités physiques telles que le yoga et le tai-chi.

» Le plus important est d’améliorer les liens sociaux chez les personnes âgées en situation de préfragilité. »

Les co-auteurs de cet article sont Mary Louise Pomeroy et Emerald Jenkins de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, Thomas Cudjoe de la Johns Hopkins School of Medicine, Elsa Dent de l'Université Flinders à Adelaide, Australie et Emiel Hoogendijk du VU University Medical Center à Amsterdam, Pays-Bas.

Lisez l’article cité : « The temporal sequence and reciprocal relationships of frailty, social isolation and loneliness in older adults across 21 years ».



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