Des étudiantes et étudiants en génie de Concordia collaborent avec la Galerie FOFA pour éliminer la signalétique d’exposition en vinyle

La Galerie FOFA de l’Université Concordia collabore avec des étudiantes et étudiants en génie pour concevoir une imprimante permettant d’éliminer l’affichage d’exposition en vinyle. Soutenue par une subvention pour Cultiver du Conseil des arts du Canada, cette initiative s’inscrit dans le projet Explorer la durabilité dans le domaine des arts entrepris par la galerie.
Deux équipes ont été chargées de concevoir différents composants de l’imprimante dans le cadre de leur projet de fin d’études de premier cycle. L’une des équipes se chargeait de la tête d’impression et l’autre du système moteur.
Johannie Lamoureux, étudiante en génie, affirme que son équipe a saisi avec enthousiasme cette rare occasion de collaborer à un projet en dehors du département. « Nous étions vraiment emballés à l’idée de travailler avec la Faculté des beaux-arts – ce n’était jamais arrivé avant! », raconte-t-elle.
Des retombées réelles
Josh Jensen et Joé Côté-Rancourt, cocommissaires à la durabilité à la Galerie FOFA, indiquent que cette initiative s’inscrit dans le projet Explorer la durabilité dans le domaine des arts de la galerie.
« Le cycle de vie de l’affichage d’exposition est si court que l’utilisation de matériaux écologiques est la seule approche durable possible. Ce projet pourrait nous donner la possibilité de déployer plus efficacement un affichage réutilisable sur de vastes surfaces », fait valoir Joé Côté-Rancourt.
Outre ces efforts visant à mettre au point un affichage plus durable, la Galerie FOFA repense actuellement l’utilisation des socles de galerie, ces lourdes bases ou boîtes sur lesquelles les œuvres sont posées lors des expositions à la galerie et partout ailleurs.
« La réduction de l’empreinte écologique de la “galerie immuable” représente tout un défi, surtout quand on espère inciter d’autres lieux d’exposition à emboîter le pas. Voilà notre objectif : concevoir un procédé utilisable partout, afin d’apporter des changements réels dans ce domaine. »
Nicole Burisch, ancienne directrice de la Galerie FOFA, souligne à quel point il lui importait que l’imprimante puisse être adoptée par des musées et des galeries de plus grande envergure. Comme elle le fait remarquer, « bien que la Galerie FOFA dispose des fonds et de l’espace nécessaires à la mise en place d’un affichage expérimental dont le déploiement exige une importante main-d’œuvre, je sais que si nous voulons que ce type d’initiative axée sur la durabilité soit reprise dans l’ensemble du secteur, nous allons devoir trouver des solutions plus efficaces et plus faciles à utiliser ».

Des solutions qui collent à la réalité
Dirigées par l’ingénieur en résidence Michael Rembacz, les deux équipes sont chacune composées de cinq étudiantes et étudiants en génie. L’objectif final de chaque équipe est de produire une première version – de la tête d’impression et du mécanisme moteur – qu’un autre groupe d’étudiants pourra peaufiner ultérieurement pour en assurer la compatibilité.
Eshwar Ganesan est membre de l’équipe chargée de construire la tête d’impression. Il propose une analogie pour décrire le rôle de son équipe dans le processus.
« Une imprimante est généralement dotée d’une tête d’impression qui dépose un matériau (il peut s’agir d’encre ou, dans le cas d’une imprimante 3D, de plastique) sur une surface. L’imprimante est également équipée d’une sorte de contrôleur qui commande le déplacement de la tête d’impression. Prenons par exemple une personne qui écrit avec un stylo : cette personne est l’imprimante, et le stylo est la tête d’impression. Je pense que c’est la meilleure façon de décrire la chose. »
Comme l’explique Eshwar Ganesan, son équipe a eu à relever un défi particulier, à savoir le matériau que la Galerie FOFA souhaitait que l’imprimante puisse utiliser : la pâte d’amidon Nori, une colle à base de riz biodégradable pouvant être nettoyée d’un mur simplement avec de l’eau.
« Actuellement, pour l’affichage, on ne trouve sur le marché que des imprimantes à encre : elles pulvérisent de l’encre sur le mur ou sur n’importe quelle surface. Ce processus nécessite une technique particulière – on peut utiliser un dispositif hydraulique ou à pression pour déposer l’encre. Mais la pâte d’amidon est essentiellement une sorte de colle. »
Cette substance ne pouvant pas être pulvérisée de la même façon, l’équipe devait effectuer une série de minuscules dépôts à l’aide d’une seringue. Une fois que le motif ou le lettrage souhaité est transféré sur le mur sous une forme de colle, un matériau pigmenté, granuleux ou texturé – par exemple, de la roche concassée ou des colorants naturels – pouvait être projeté sur la pâte ou mélangé à celle-ci pour créer l’affichage souhaité.
Les artistes et le personnel de la Galerie FOFA ont effectué cette opération à la main, mais elle exige un travail méticuleux au pinceau et l’utilisation de pochoirs. La nouvelle machine permettra non seulement d’accélérer le processus, mais aussi d’offrir une plus grande précision, ce qui en fait une solution possible pour les espaces plus vastes.
« Essentiellement, nous remplaçons le pinceau », se réjouit Eshwar Ganesan, heureux de pouvoir combiner son amour du génie et sa passion pour les beaux-arts. « Nous prenons une seringue à laquelle nous ajoutons un moteur – un actionneur – qui permet de mettre en mouvement le piston de la seringue. »

Des progrès en matière de durabilité
Johannie Lamoureux explique que son équipe s’occupe de tout ce qui permet au robot de se déplacer et de tracer des lettres.
« Nous avons deux mécanismes différents dans notre système moteur : l’un fait avancer le robot ligne par ligne, et l’autre active un système de portique effectuant l’impression des lettres et des dessins, précise-t-elle. Le robot se déplace jusqu’à une position cible, s’arrête, et le système de portique imprime une lettre (par exemple). Puis, il se déplace jusqu’à la position suivante pour imprimer une autre lettre, et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le mur soit imprimé. Le robot est fixé au mur pendant tout le processus grâce à deux ventilateurs qui génèrent une force d’aspiration.
« Je suis très enthousiaste à propos de ce projet, qui a présenté de multiples difficultés. Il y avait de nombreuses solutions possibles, et certains ont remis en question la conception pour laquelle nous avons opté : au début, ces personnes ne pensaient pas que le projet était réalisable en raison de sa complexité et de l’absence de système similaire existant. C’était très excitant, et même nos professeurs se sont dits émerveillés de constater que ça pouvait fonctionner. »
En fin de compte, ce qui a incité son équipe à relever ce défi, c’est l’aspect de la durabilité. La machine offrira une solution de rechange durable au lettrage en vinyle, et le travail ainsi réalisé aura une vie au-delà du projet de fin d’études.

« La durabilité était un aspect réellement important pour nous. Nous avons choisi ce projet parmi une longue liste de possibilités », souligne Johannie Lamoureux.
« Lorsque Michael Rembacz nous a présenté cette idée – dont Nicole Burisch lui avait parlé avec enthousiasme –, nous avons immédiatement échangé un regard et avons tout de suite su que c’était ce que nous voulions faire. »
« Il faut dire que la plupart des projets produits par les étudiants finissent par être mis de côté parce qu’ils ne correspondent pas à un besoin. Nous voulions produire quelque chose qui soit utile, longtemps après la fin de nos études. »
Apprenez-en davantage sur le projet Explorer la durabilité dans le domaine des arts de l’Université Concordia.