Jon Patton et Jarrett Quinn ont grandi sur l’île d’Entrée, mais n’y vivent plus aujourd’hui. La famille de Jon y habite depuis le naufrage du navire écossais Andromach, en 1835.
Jon et Jarrett racontent sans détour l’histoire de leur remarquable enfance, alors qu’ils parcouraient les collines et longeaient les falaises en VTT dans l’obscurité, et construisaient avec de la neige des forts assez vastes pour contenir 15 personnes (comme dans le film La guerre des tuques, en 1985). L’île était, pour reprendre leurs mots, « un immense terrain de jeu ». Le fait de la quitter pour poursuivre leur scolarité – comme tous les enfants devaient le faire après la 8e année – a été pour eux une merveilleuse aventure.
Souvenirs de l'île d'Entrée
Un projet de film
L'ïle d'Entrée est un endroit superbe, mais elle ne se résume pas à sa beauté. Avec ce projet, je veux donner toute la place aux gens, aux visages et aux voix qui peuplent ce paysage.
Le film
L’île d’Entrée est une petite étendue de terre (2 km x 3 km) située dans le golfe du Saint-Laurent. Elle fait partie des îles de la Madeleine, dans la province de Québec. Y résident en permanence quelque 60 personnes, incluant plusieurs descendants de marins écossais de langue anglaise dont le navire a fait naufrage au 19e siècle.
Memories of Entry Island (« souvenirs de l’île d’Entrée ») comprend six chapitres de durée variable, complets en eux-mêmes. Brian Lewis a adopté une approche consistant à accompagner les personnes ayant accepté d’être filmées plutôt que de simplement les observer. Le documentaire est en grande partie composé d’entrevues commençant par des questions ouvertes; les mouvements de caméra sont minimaux, l’objectif se concentrant sur les visages. Des questions directives ont été posées, mais l’équipe a décidé de laisser libre cours aux échanges. Il s’agissait de mettre en valeur des visages ainsi que des histoires qui méritent d’être racontées avant qu’elles ne sombrent dans l’oubli, en les présentant avec honnêteté et amour, avec un minimum d’interruptions de la part des personnes se trouvant derrière la caméra.
Ce sont les histoires de gens ordinaires qui vivent dans un environnement extraordinaire : une communauté ayant une longue histoire et un avenir rempli de défis, aux prises avec la perte de vitalité de leur milieu et l’érosion du territoire lui-même.
Veuillez noter que toutes les vidéos sont en anglais.
Chapitre 1
J’aime bien les histoires, mais j’espère qu’ils auront l’occasion de raconter la leur…
Chapitre 2
D’importants changements à l’horizon…
Prédicatrice laïque auprès des gens de l’île (le pasteur ne vient qu’une fois tous les quelques mois), Candice Atkins est au centre de la communauté regroupée autour de l’église. Elle compte aujourd’hui parmi les plus jeunes résidents de l’île. Deux de ses trois enfants, comme la plupart des autres jeunes, ne sont jamais revenus habiter l’île à la fin de leurs études, leur vie étant désormais ailleurs. Il n’y a tout simplement pas de travail sur l’île, à part la pêche saisonnière du homard.
Mais il s’y trouve toujours une communauté de personnes aînées qui considère l’endroit comme son chez-soi, et Candice Atkins fait sa part pour l’aider à demeurer unie grâce à l’église et à d’autres activités telles que le jardin communautaire, qu’elle a mis sur pied, et l’aménagement du nouveau musée.
Chapitre 3
Que va-t-il arriver?
Pauline Boudreau est au cœur de l’action : à la fois commerçante, maîtresse de poste et, en cas de problèmes de santé chez ses voisins, traductrice auprès de celles et ceux qui ne parlent pas le français.
« Que va-t-il arriver… que savent-ils que nous ne savons pas? », demande-t-elle, faisant référence à ces gens de l’extérieur qui acquièrent des propriétés vacantes pour en faire des résidences d’été…
Espérant un avenir qu’elle sait plus qu’improbable, elle s’attend à vivre de grands bouleversements et à subir de lourdes pertes. Cette entrevue était probablement la plus émouvante de toutes.
Chapitre 4
Il y a de l’espoir pour nous.
L’entrevue avec Thelma Feltmate a été réalisée à l’école de l'île d’Entrée. À son apogée, l’école accueillait environ 80 enfants. Elle n’a jamais offert d’enseignement au-delà de la huitième année. Au début, c’était peut-être suffisant, mais à partir de la Seconde Guerre mondiale, les enfants ont dû quitter l’île pour terminer leur scolarité – au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Cap-Breton ou en Alberta –, et très peu d’entre eux, ces dernières années, sont revenus pour y vivre leur vie.
La communauté insulaire actuelle, établie en grande partie par des immigrants écossais rescapés d’un naufrage survenu dans les années 1830, perd peu à peu ses membres depuis la guerre, époque où elle était la plus dynamique et constituait le grenier des îles de la Madeleine. En 2015, lorsque l’école a fermé définitivement ses portes, la communauté aurait aussi bien pu être déclarée officiellement défunte, du moins en tant que communauté pérenne active tout au long de l'année. Thelma tente de terminer son entrevue au ton résigné sur une note d’optimisme. « Il y a de l'espoir pour nous », dit-elle, sans trop savoir de quoi sera fait l’avenir.
Chapitre 5
Ils travaillaient dur, mais avaient une bonne vie.
Vera Welsh est l’une des résidentes les plus anciennes et les plus heureuses parmi les personnes que nous avons interviewées. Probablement la moins éduquée (elle a refusé de partir pour finir ses études), elle est en fait la plus philosophe du groupe. Elle parle du « bon vieux temps », avant l’électricité, des parcours en luge sur le pont de glace menant au continent (qui n’existe plus depuis des décennies), des soirées consacrées au tricot et du travail des femmes, mais aussi de la crainte de voir les enfants quitter définitivement l’île pour aller à l’école.
Alors que Jon Patton, avec ses yeux d’enfant, se rappelle son départ comme d’une merveilleuse aventure, Vera Welsh, qui a vécu sur l'île toute sa vie et a travaillé à l'école pendant de nombreuses années, se souvient de cette période comme d’un véritable déchirement, année après année.
Chapitre 6
J’adore cet endroit... je l’aime jour après jour, ouais!
Personne n’est plus conscient des effets du changement climatique sur cet environnement que le pêcheur de homards Lyndon Patton. Personne ne sait mieux que lui que les pêcheries pourraient s’effondrer d’un instant à l’autre. Au fil des ans, Lyndon a vu le monde changer autour de lui. Mais aucune des personnes que nous avons interviewées ne s’est montrée plus joyeuse, enthousiaste et expressive que lui dans sa description des joies de la vie sur l’île d’Entrée, entourée par la mer, et ce, même aujourd'hui.
Cette évocation d’une magie toujours présente et forte au quotidien est une bonne façon de terminer cette série documentaire.
Remerciements
Memories of Entry Island a été produit grâce au Réseau de recherche sur les communautés québécoises d’expression anglaise (QUESCREN), sous le leadership de son codirecteur, Brian Lewis, en collaboration avec Lorraine O’Donnell et Patrick Donovan, membres du personnel du QUESCREN, de même que grâce au Conseil pour les anglophones madelinots (CAMI).
Photos : Patrick Donovan