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La cinéaste d’origine polonaise Marielle Nitoslawska quitte Concordia après 35 ans de carrière

La première femme à enseigner la direction photo à l’École de cinéma Mel-Hoppenheim est reconnue pour sa capacité « à inspirer et à stimuler ses étudiants ».
15 octobre 2024
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Par Janyne Leonardi de Carvalho est une étudiante de deuxième année au programme de maîtrise en innovation numérique en études journalistiques


Professeure en classe avec caméra sur table Les étudiants décrivent Marielle Nitoslawska comme une « force de la nature, généreuse et puissante ». Photo de Robby Reis.

Marielle Nitoslawska, professeure pionnière à l’École de cinéma Mel-Hoppenheim, quitte l’Université Concordia au terme de 35 ans de carrière.

Marielle Nitoslawska a récemment annoncé son départ pour se consacrer à plein temps à ses recherches et à la réalisation de films : « J’ai l’impression d’avoir trouvé ma place. J’ai été plus heureuse d’enseigner à Concordia que je ne l’aurais été dans un milieu cinématographique commercial. Et je suis fière du leadership que j’ai exercé à l’école de cinéma en accordant une place de choix aux formes expérimentales de cinéma non fictionnel. »

Cinéaste et éducatrice aux multiples talents, elle s’est toujours intéressée à l’enseignement et à l’exploration du cinéma expérimental. Elle a fait tomber des barrières en devenant la première femme à enseigner la direction photo à l’École de cinéma Mel-Hoppenheim en 1989. De plus, elle a reçu le prestigieux Prix de distinction en enseignement de la Faculté des beaux-arts en 2006 et dirigé le département de 2009 à 2012.

« Marielle inspire et stimule ses élèves. Elle m’a appris de nouvelles façons d’envisager la réalisation de films et le métier de cinéaste », déclare son ancienne étudiante Mariana Flores Villalba.

« C’est une force de la nature, généreuse et puissante. »

De Montréal à la Pologne

Marielle Nitoslawska a grandi dans le Montréal trépidant des années 1950, au sein d’un quartier dynamique et diversifié regroupant des immigrants d’Europe de l’Est. Elle est l’aînée des cinq enfants qui allaient naître au Canada après que la famille eut quitté son pays natal, la Pologne, alors en pleine tourmente politique et économique.

« Je suis remplie d’admiration pour mes parents, car je pense qu’ils regardaient vers l’avant et qu’ils ne nous ont jamais fait savoir à quel point les choses auraient pu être difficiles », observe Marielle Nitoslawska.

Motivée par une amie d’enfance, attirée par l’art contemporain polonais, et maîtrisant la langue polonaise, elle décide de s’inscrire à l’École nationale de cinéma de Lodz, où elle obtient en 1984 une maîtrise en direction photo. À l’époque, l’école de Lodz connaît un âge d’or cinématographique, ses diplômés collectionnant statuettes des Oscars et palmes cannoises pour des productions telles que Tango (1981) de Zbigniew Rybczyński et L’homme de fer (1981) d’Andrzej Wajda.

Marielle Nitoslawska est demeurée en Pologne pendant plusieurs années; elle a été témoin de certains des moments les plus marquants de l’histoire du monde, sur lesquels elle a braqué sa lentille de cinéaste, comme la fin des gouvernements communistes en Europe de l’Est et en Europe centrale et la chute du mur de Berlin. Elle a également tourné une série de films ethnographiques exploratoires en 35 mm et été active au sein du mouvement des arts médiatiques underground de Lodz.

Les films de Marielle Nitoslawska ont été présentés dans des festivals du monde entier et acclamés par la critique, notamment le documentaire Bad Girl (2002), qui explore les représentations explicites de la sexualité féminine, et le long métrage Breaking the Frame (2012), qui trace le portrait de l’artiste Carolee Schneemann.

Ce film m’a époustouflé

Robby Reis (B. Bx-arts 2006) a étudié la production cinématographique à Concordia et suivi des cours de Marielle Nitoslawska. Il se souvient de l’influence qu’elle a eue sur sa carrière de cinéaste, notamment lorsqu’il a visionné son court métrage d’auteur en noir et blanc sur un concours de beauté en Pologne.

« Ce film m’a époustouflé. L’approche était très simple et naturelle, mais le style personnel de Marielle Nitoslawska s’en dégageait avec une grande force. J’ai été frappé par sa capacité à placer la caméra à l’endroit idéal pour capter les images importantes sans interrompre une scène difficile à tourner ne serait-ce qu’en raison des commentaires des juges, qui allaient sans doute à l’encontre de ses convictions. »

Robby Reis a alors compris que s’il voulait suivre les traces de Marielle Nitoslawska, il allait devoir lui aussi assumer la responsabilité de maintenir ce délicat équilibre dans ses films, tâche qui le terrifiait et l’enthousiasmait à la fois.

« Cet enthousiasme m’habite encore aujourd’hui, et je dois la remercier pour cela », conclut-il. Robby Reis est actuellement étudiant à la maîtrise en arts cinématographiques à l’École de cinéma Mel-Hoppenheim.

Pour ce qui est de l’avenir, Marielle Nitoslawska compte se concentrer sur son projet de recherche actuel, intitulé Borderlands. Ce projet explore la frontière orientale de la Pologne, que celle-ci partage avec la Lituanie, le Belarus et l’Ukraine. « Ces frontières ont toujours été mouvantes, et ma famille est originaire de cette région. Je m’intéresse à mes racines, mais je cherche surtout à comprendre les divers aspects des identités culturelles hybrides et fluides. »

 

Apprenez-en davantage sur l’École de cinéma Mel-Hoppenheim de l’Université Concordia.



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