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Cinq diplômées de la Faculté des beaux-arts se partagent le prestigieux Prix en art actuel du MNBAQ

Elles prendront part à une exposition de groupe plus tard cette année
29 juin 2023
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Par Lindsay Lafreniere, Dipl. 2e cycle 2010


Un homme portant un masque tient un appareil photo alors qu'il prend une photo d'oiseaux en papier suspendus avec un immeuble d'habitation en arrière-plan. Passing par Maria Ezcurra | Photo: Thierry du Bois

Pour la première fois, cinq artistes remportent le prestigieux Prix en art actuel du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), et ces lauréates sont toutes des diplômées de l’Université Concordia.

Établi en 2013 grâce à l’appui de la Fondation RBC, ce prix annuel vise à soutenir des artistes du Québec qui ont des expositions à leur actif, mais ne sont pas officiellement représentés. En plus de recevoir un prix en argent de 10 000 $, les lauréates prendront part à une exposition de groupe qui se déroulera de la fin d’octobre prochain à janvier 2024.

Un second jury sélectionnera une gagnante parmi les cinq exposantes finalistes et  « le travail de cette artiste fera l’objet d’une publication monographique à paraître en 2024 et d’une acquisition d’œuvres pour les collections du musée. »

Apprenez-en plus ci-après sur les diplômées de la Faculté des beaux-arts et leur travail.

 

Portrait d'une femme aux cheveux noirs, portant un T-shirt blanc Photo: Nooshin Bahr

Anahita Norouzi, M. Bx-arts 2012

Une sculpture représentant la tête coupée d’un guerrier perse — ramenée clandestinement d’Iran puis volée au Musée des beaux-arts de Montréal — s’est retrouvée à plusieurs endroits inusités, notamment sur une étagère IKEA d’un appartement d’Edmonton.

Cette histoire est la source d’inspiration de l’œuvre que présentera l’artiste multidisciplinaire Anahita Norouzi dans le cadre de l’exposition du MNBAQ l’automne prochain.

« Je m’intéresse au son, à l’image, au territoire, à la violence et à l’histoire en tant qu’éléments archivistiques actifs, et au voyage dans le temps en tant que méthode historique », affirme l’artiste. « Mon travail est pour moi un moyen de poser des questions qui sont souvent gênantes ou que l’on préfère éviter. » 

Norouzi se décrit comme une artiste qui crée des situations, des objets et des rencontres. Originaire d’Iran, elle est venue au pays pour étudier à Concordia.

« Mes voyages entre l’Iran et le Canada sont au centre de ma pratique, qui se situe à l’intersection des histoires coloniales, des expériences d’immigration et de déplacement ainsi que des questions d’identité et de mémoire », explique-t-elle.  « J’explore ces notions en relation avec ma situation dichotomique d’immigrante évoluant entre deux lieux, deux cultures et deux identités. »

Anahita Norouzi est également finaliste de l’édition 2023 du Prix Sobey pour les arts, l’une des distinctions les plus généreuses en art contemporain au Canada, dont le but est de soutenir les artistes canadiens en émergence.

Portrait d'une femme souriante aux cheveux noirs tirés en arrière, portant un haut gris Photo: Freddy Arciniegas

Maria Ezcurra, Ph. D. 2016

Les textiles occupent une place centrale dans la pratique créative de Maria Ezcurra. Selon elle, les vêtements redéfinissent les frontières physiques et émotionnelles du corps et reflètent les relations sociales complexes qui façonnent nos identités.

« Ils constituent une matière sculpturale et une ressource performative d’une grande richesse », ajoute Maria Ezcurra. « Ils présentent d’innombrables avantages formels et possibilités symboliques qui établissent un lien entre les expériences individuelles et les valeurs culturelles. »

Dans le cadre de l’exposition du Prix du MNBAQ, Maria Ezcurra présentera une installation en grande partie constituée de valises et de collants. Cette installation fait partie d’un projet plus vaste intitulé LIMINAL - Stretching the margins, qui explore les notions de frontières en relation avec les espaces physiques et sociaux tels que le territoire, le chez-soi et le corps.

« Dans le cadre de projets solos ou collaboratifs, j’explore des idées entourant la migration ainsi que ma propre expérience en tant que femme immigrante née en Argentine et ayant grandi au Mexique », précise l’artiste.

Titulaire d’un doctorat depuis 2016, Maria Ezcurra aborde dans sa démarche créative les dimensions transfrontalières de la migration humaine et naturelle selon une perspective écoféministe. L’Université Concordia, fait-elle remarquer, a grandement influencé sa pratique professionnelle et l’a inspirée à entreprendre de fructueuses collaborations avec d’autres artistes. Maria Ezcurra est professeure à l’Université McGill et chargée de cours au Département d’éducation artistique de Concordia.

Portrait d'une femme aux longs cheveux noirs, portant un haut en velours brun et un pantalon noir, photographiée avec un vase de fleurs Photo: Sara Tremblay

Sara A.Tremblay, B. Bx-arts 2008, M. Bx-arts 2014

Le déménagement à la campagne de l’artiste visuelle Sara A.Tremblay l’a grandement inspirée et a également été déterminant pour sa carrière. Pour cette double diplômée de Concordia, un jardin de fleurs, un potager, un champ d’herbes sauvages, une grange ou une maison centenaire font tour à tour office de studio.

Il est souvent question de fleurs séchées ou fraîchement cueillies, de plantes, de tomates ou de courges dans son travail. Autoportraits, animaux familiers et divers objets collectionnés figurent également dans ses œuvres.

Au moyen de l’image fixe ou en mouvement, Sara A.Tremblay décrit des expériences vécues et des lieux investis au fil du temps, ainsi que des bribes de son quotidien. Les récoltes prennent aussi une place importante dans sa démarche, de même que les milliers de fleurs qui parsèment son terrain.

Dans le cadre d’une résidence créative, Sara A.Tremblay a parcouru à pied les 650 km du Sentier des Appalaches, puis présenté la chronique de ce voyage aux Rencontres internationales de la photographie. À la suite d’un séjour de 88 jours sur l’île suédoise de Gotland, dans la mer Baltique, elle a publié un livre de photographies intitulé Själsö.

Portrait en noir et blanc d'une femme aux cheveux noirs attachés en un chignon lâche, portant un chandail foncé avec des tourbillons de couleur.

Celia Perrin Sidarous, B. Bx-arts 2008, M. Bx-arts 2015

Celia Perrin Sidarous est photographe, cinéaste et collectionneuse d’objets. Son studio est un fonds d’objets et de fragments trouvés où s’accumulent des pierres, des coquillages, des livres, des pièces de tissu, des récipients et des images.

L’artiste explore les relations entre l’intimité et la familiarité, la nature morte et l’image en mouvement de même que les récits qui interrogent les notions de mémoire et de regard.

Titulaire d’une maîtrise ès beaux-arts en arts plastiques de l’Université Concordia avec concentration en photographie, Celia Perrin Sidarous crée des suites d’images et des assemblages photographiques qui font référence à l’histoire de la nature morte, tout en brouillant les catégories selon lesquelles les objets sont habituellement représentés.

Son film Slip (2018), tourné en Grèce, à Chypre et à Montréal, a été présenté en 2020 sur Shift Key, la plateforme en ligne du Musée d’art contemporain de Toronto. Dans ce film, l’artiste explore les questions suivantes : « Comment se remémore-t-on des lieux et des histoires dont on n’a pas été témoin? »; « Quelles formes la mémoire prend-elle? »; « Comment les objets créent-ils du sens, et comment habitent-ils notre conscience commune? ».

Portrait d'une femme aux cheveux noirs et bouclés portant un haut de couleur pastel et un jean de couleur claire

Eve Tagny, B. Bx-arts 2011

Lorsque Eve Tagny a commencé à explorer les thèmes de la perte et du deuil dans sa pratique multidisciplinaire, elle a immédiatement eu l’idée d’utiliser la terre comme matériau. C’est lors de l’enterrement d’une personne proche, en Afrique du Sud, que cette idée a germé dans son esprit, peut-on lire dans une entrevue que l’artiste a accordée au magazine Bomb.

« Les amis et les membres de la famille de la personne défunte creusent le sol et créent d’impressionnants amas de terre qu’ils décorent au moyen de fleurs naturelles ou artificielles, de rubans et d’autres objets, marqués d’un nom et d’un numéro », relate-t-elle.

De retour au Canada, elle s’est intéressée à de petits amas de terre excavée aperçus dans différents contextes comme les chantiers de construction et les jardins, où les mauvaises herbes ne tardent pas reprendre leurs droits.

Récemment, Eve Tagny a pris part à l’exposition de groupe Thick as Mud à la Henry Art Gallery, à Seattle, dans l’État de Washington, qui rassemblait des artistes de différents pays ayant recours à la terre et au sol dans leur pratique créative. Elle a voulu présenter la terre comme une archive naturelle où s’inscrivent les personnes qui ont travaillé le sol et ont vécu sur le territoire au cours de l’histoire.

La pratique d’Eve Tagny passe souvent par l’installation, même si elle a obtenu un diplôme en production cinématographique et affiche une préférence pour la photographie. Ses œuvres abordent le colonialisme, la souveraineté corporelle, le travail et le désir.



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