Un professeur de l’école Gina-Cody soutient la prochaine génération d’ingénieurs autochtones en faisant un don à la Campagne pour Concordia
Depuis l’époque de ses études supérieures, M.N.Srikanta Swamy savait qu’il voulait redonner un jour. Ce souhait, le professeur-chercheur à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody l’a récemment réalisé en faisant un don à la Campagne pour Concordia : Place à la nouvelle génération.
Le fonds de dotation du doyen M.N.S.-Swamy des bourses d’entrée en génie pour les étudiants autochtones servira à financer une bourse annuelle destinée à des personnes étudiantes en première année du baccalauréat en génie de l’Université.
Titulaire honoraire de la chaire de recherche de l’Université Concordia en traitement des signaux, M.N.Srikanta Swamy a quitté l’Inde pour le Canada en 1959 afin de poursuivre des études de maîtrise et de doctorat en génie électrique à l’Université de la Saskatchewan. Au cours de ses années à l’Université, il a remarqué que le département ne comptait aucun étudiant autochtone, puis constaté la même situation au fil de sa carrière d’enseignement en mathématiques et en génie électrique.
« Je ne me souviens pas d’avoir vu d’étudiants autochtones en génie, et s’il y en avait, leur nombre devait être minime », relate M.N.Srikanta Swamy. « Ce fait m’a toujours préoccupé, et je me suis dit que si un jour j’avais les fonds nécessaires à la création d’une bourse, je donnerais la priorité aux personnes autochtones. »
M.N.Srikanta Swamy est par la suite entré à Concordia, où il a fondé le Département de génie électrique, qu’il a présidé de 1970 à 1977, puis été doyen de la Faculté de génie et d’informatique (aujourd’hui l’école Gina-Cody) de 1977 à 1993.
Lorsqu’il a pris peu à peu connaissance des conclusions de la Commission de vérité et réconciliation du Canada et de la dévastation causée par les pensionnats, il a voulu faire un geste concret. « La bourse est bien peu de chose quand on considère les problèmes qui persistent, mais j’ai cru bon d’apporter ma modeste contribution », fait valoir le Pr Swamy.
Son expérience reflète la réalité : les Autochtones sont sous-représentés dans le domaine du génie comparativement aux autres professions. Selon Ingénieurs Canada, en 2019, seulement 0,73 % de tous les ingénieurs exerçant au pays s’identifiaient comme autochtones.
« Toutes ces choses exigent du temps »
Ayant lui-même reçu une bourse lorsqu’il était étudiant, le Pr Swamy est bien placé pour comprendre l’impact que peut avoir un soutien financier sur la capacité des étudiantes et étudiants à atteindre leurs objectifs. Il espère que la bourse contribuera non seulement à ouvrir des portes pour les bénéficiaires, mais qu’elle incitera également d’autres personnes à étudier dans le domaine.
« Même si une seule bourse est octroyée chaque année, si l’existence de cette bourse incite une personne à entreprendre des études en génie, ses pairs pourront peut-être s’en inspirer et vouloir l’imiter ». M.N.Srikanta Swamy évoque l’exemple des initiatives visant à soutenir les femmes dans le domaine des STIM, dont il a pu constater les résultats au cours de sa carrière.
« Lorsque je suis arrivé en Saskatchewan, pas une seule femme n’étudiait dans le domaine du génie, même si le département comptait une professeure bardée d’un doctorat qui venait du Michigan. Nous avons fait de notre mieux pour changer les choses à Concordia. Aujourd’hui, bien des années plus tard, un bon nombre de femmes étudient dans le domaine. » Parmi ces femmes figurent Champa Bhushan, Ph. D. 1972, dont il a supervisé la thèse et qui a été la première femme à obtenir un doctorat à Concordia; la fille de M.N.Srikanta Swamy, qui a obtenu son diplôme en 1989; et Gina Cody, M. Ing. 1981, Ph. D. 1989, qui a été la première femme à obtenir un doctorat en génie du bâtiment à l’Université, pendant la période où le Pr Swamy était doyen de la faculté.
« Si nous pouvons faire savoir à toutes et à tous que le génie est un domaine intéressant et utile, j’espère que nous pourrons inciter plus d’étudiants autochtones à s’y intéresser. Toutes ces choses exigent du temps », fait remarquer le Pr Swamy.
En reconnaissance de ses longues années de service à l’Université, M.N.Srikanta Swamy s’est vu remettre en mai dernier un prix de distinction de l’Association des diplômés (Prix du membre honoraire à vie). Les contributions qu’il a apportées à l’avancement de l’éducation et de la technologie au cours de sa carrière lui ont également valu, entre autres, le prix Mac Van Valkenburg, en 2022, et la médaille d’or de la section montréalaise de l’IEEE, en 2021.
« Relever des défis pour le bien de l’humanité »
Ayant contribué à l’établissement du seul diplôme en génie du bâtiment au Canada et du premier programme en génie informatique du Québec en sa qualité de doyen, M.N.Srikanta Swamy a pu constater à quel point le domaine a changé en quelques décennies à peine. Selon lui, l’avenir du génie est très prometteur : les ingénieurs collaboreront avec des collègues de diverses disciplines afin d’aider à résoudre les défis les plus urgents auxquels fait face notre monde.
« C’est une bien modeste contribution que la mienne, ce n’est en fait pas grand-chose », ajoute le Pr Swamy, qui cite un adage sanskrit pouvant se traduire en ces mots : « Dans la vie, on progresse autant en apprenant qu’en enseignant ». En d’autres termes, poursuit-il, on redonne en transmettant aux autres les connaissances acquises. Reconnaissant de tout ce que les étudiantes et étudiants lui ont appris au fil des ans, il a hâte de voir ce que la prochaine génération accomplira.
Il espère qu’une ou un bénéficiaire de sa bourse se joindra à l’école Gina-Cody dès 2024. « J’aimerais beaucoup rencontrer cette personne, car elle sera la toute première. »