B. L. : Mon intérêt pour les élections américaines de 2016, et particulièrement pour la course à la présidence entre Hillary Clinton et Donald Trump, a suscité chez moi une fascination pour la responsabilité des journalistes. J’ai été intrigué par le pouvoir qui découle du fait d’informer le grand public et de rendre les politiciens redevables en leur posant des questions difficiles.
Ma décision s’est affirmée lorsque j’ai participé aux journées portes ouvertes de Concordia. Le fait de rencontrer l’ancien directeur du département, David Secko, et de constater que la formation était ancrée dans le concret — ce dont témoignaient la présence d’un bureau de chef d’antenne et de cabines d’enregistrement radio — a été déterminant. La vie étudiante stimulante et la combinaison d’influences européennes et nord-américaines m’ont poussé encore davantage à choisir Montréal.
Pendant mes études, mon passage au journal The Concordian a joué un rôle crucial. J’y suis entré comme rédacteur en chef adjoint, puis je suis devenu le rédacteur en chef couvrant l’actualité et je m’y suis découvert une passion pour le journalisme international. Mon entrevue avec une étudiante afghane piégée à Kaboul pendant la reprise du pouvoir par les talibans m’a fait comprendre que les journalistes jouissent du pouvoir d’informer la planète. J’ai noué des liens avec cette personne, relaté sa fuite du pays et suis revenu sur cette affaire pour CTV, ce qui a mis en évidence la portée que peut avoir le journalisme.
Lors de ma dernière année, dans mes fonctions de directeur de la rédaction pour The Concordian, je me suis efforcé d’apporter des changements qui seraient profitables aux futures générations d’aspirants journalistes. À la suite de négociations avec le conseil d’administration, j’ai réussi à rénover notre environnement de travail, à implanter des technologies de pointe et à organiser le voyage en avion de notre équipe talentueuse vers Hamilton, en Ontario, où se tenait la NASH85, la plus importante conférence de journalisme étudiant au Canada. Ces réalisations ont été mentionnées dans ma candidature pour une bourse Rhodes.
Comment entrevoyez-vous le futur, à Oxford et par la suite?
B. L. : À l’Université d’Oxford, je souhaite faire une maîtrise en politique internationale, plus précisément en politique européenne ou en relations internationales. La guerre qui sévit dans mon pays d’origine, l’Ukraine, explique mon intérêt pour le sujet et ma motivation à l’explorer à fond.
Dans le cadre d’un échange étudiant, alors que j’étudiais à l’Universidad Carlos III, à Madrid, la capitale de l’Espagne, je me suis inscrit par pure curiosité à un cours intitulé Organismes internationaux. Nous sommes partis de principes théoriques pour ensuite examiner ce que les membres de la communauté internationale, y compris des organismes comme les Nations Unies et son Conseil de sécurité, peuvent faire pour prévenir les conflits, et quelles sont les responsabilités de chacun.
Un mois après le début des cours, la théorie a été rattrapée par la réalité. J’ai reçu un appel de l’Ukraine à 4 h du matin. Une de mes tantes m’a alors dit que la guerre avait commencé, et je pouvais entendre les sirènes d’alerte antiaérienne pendant qu’elle me parlait.
J’ai tout de suite pris conscience que je devais m’impliquer personnellement. La guerre a éveillé mon intérêt pour les relations internationales et m’a incité à examiner comment le Conseil de sécurité des Nations Unies pouvait être réformé afin d’empêcher des atrocités alors que la Russie était en train d’envahir l’Ukraine et que des millions de vies étaient en jeu. En tant que Canadien d’origine ukrainienne ayant passé la moitié de ma vie en Ukraine, j’ai personnellement le devoir de faire tout ce que je peux pour contribuer à garantir la paix et la sécurité.