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Pour Katia Grubisic, lauréate du Prix littéraire du Gouverneur général, la langue est « un magnifique cadeau »

La poète, rédactrice en chef et traductrice littéraire exerce son art dans la métropole la plus multilingue du Canada
18 mars 2025
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Par Samantha Rideout, Dipl. 2e cycle 2010


Portrait en noir et blanc d'une femme aux cheveux courts et noirs séparés par le milieu. Photo par J. Parr

À Montréal, une personne sur cinq parle trois langues ou plus, et Katia Grubisic, M.A. 2006, en est le parfait exemple.

Ayant appris le français avec sa mère d’origine suisse et le croate avec son père, elle a ensuite appris l’anglais dans le nord de l’Ontario, où elle a grandi. Outre le français, l’espagnol est également présent à la maison, où son conjoint le parle avec leurs enfants.

Pour Mme Grubisic, chaque langue est « un magnifique cadeau », et elle trouve regrettable que certaines personnalités politiques considèrent le multilinguisme de Montréal comme un problème plutôt qu’une source de fierté.

« Ce point de vue reflète une méconnaissance de ce qu’est notre ville, estime-t-elle.

Ici, on entend souvent les jeunes générations parler français et anglais de manière interchangeable et fluide, sans arrière-pensée politique. »

Le caractère cosmopolite de Montréal représentait d’ailleurs un grand attrait pour Katia Grubisic lorsqu’elle a décidé de poursuivre une maîtrise en études anglaises – avec spécialisation en création littéraire – à l’Université Concordia au terme de ses études de premier cycle à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.

Elle se sentait également interpellée par la possibilité de travailler avec Stephanie Bolster, poète de renom et professeure au Département d’études anglaises.

« J’aimais son travail et elle jouissait d’une excellente réputation, se rappelle Mme Grubisic. Je voulais l’avoir comme mentore. »

Dans le cadre de son mémoire de maîtrise, Katia Grubisic a créé ce qui allait devenir son premier recueil de poésie, What if red ran out. « Ce fut un privilège d’avoir Concordia comme espace de réflexion et de travail », souligne-t-elle.

« Je me souviens également de notre implication dans le milieu littéraire montréalais et de la perméabilité des frontières entre la ville et l’Université – une expérience des plus constructives. »

Après son passage à Concordia, Mme Grubisic s’est mise en quête d’un port d’attache. « Mais je cherchais délibérément des moyens de revenir à Montréal, relate-t-elle. J’ai rapidement décroché un poste de rédactrice en chef pour un magazine basé dans la métropole. »

Par la suite, ses traductions anglaises d’œuvres littéraires de langue française lui ont valu Grubisic reçoit le Prix littéraire du Gouverneur général pour la traduction en 2024 et le Prix de la traduction de la Fondation Cole, décerné par la Quebec Writers’ Federation.

« La traduction littéraire me procure un grand plaisir créatif, affirme-t-elle. C’est un exercice passionnant qui stimule mon cerveau de multiples façons. Et j’ai été récompensée pour mon travail, ce qui m’amène à collaborer avec des écrivaines et écrivains québécois remarquables. »

Le savoir-faire créatif de Katia Grubisic permet à ces écrivaines et écrivains de rejoindre de nouveaux publics avides de découvrir leurs œuvres.

« Il y a un public pour ces œuvres dans le Canada anglais, certes, mais aussi aux États-Unis et dans d’autres pays anglophones du monde entier,fait-elle valoir. J’ai souvent été surprise d’apprendre qu’il existe des programmes d’études québécoises dans des universités où je ne me serais pas attendue à en trouver. »

De fait, la littérature francophone du Québec explore souvent des questions d’intérêt mondial. Par exemple, Mme Grubisic a entrepris de traduire les romans de l’immigrante d’origine roumaine Alina Dumitrescu et de l’auteure québéco-haïtienne Marie-Célie Agnant, qui traitent de la vie sous des régimes totalitaires. Elle a également traduit des œuvres de Martine Delvaux, une écrivaine féministe contemporaine de premier plan jouissant d’une renommée internationale.

Bien que l’écriture et la traduction soient des activités solitaires, elles permettent de bâtir des ponts pour accéder à l’univers de l’autre, selon Katia Grubisic.

« On ne sait jamais qui découvrira tel ou tel livre. C’est une merveilleuse façon d’aller à la rencontre de l’autre. »

 

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