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Le gouvernement du Québec confirme les hausses des droits de scolarité

Lisez un message du recteur de l’Université Concordia, Graham Carr
14 décembre 2023
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Par Graham Carr


Extérieur du Pavillon Guy-De Maisonneuve (GM) sur le campus Sir George Williams de l'Université Concordia

Chères Concordiennes,
Chers Concordiens,

Je vous écris à nouveau au sujet des droits de scolarité pour les étudiants hors province et internationaux. Aujourd’hui, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, nous a fait parvenir une lettre nous informant des changements apportés à certaines des mesures proposées par le gouvernement du Québec en octobre dernier.

Malheureusement, le message que j’ai à vous transmettre est plus que décevant. Le gouvernement prévoit maintenant fixer les droits de scolarité pour les étudiants de l’extérieur de la province à un minimum de
12 000 $ dans tous les programmes de 1er cycle, plutôt que les 17 000 $ proposés initialement le 13 octobre. Toutefois, en ce qui concerne les étudiants internationaux, le gouvernement s’en tient à sa proposition initiale. Ces étudiants seront maintenant réglementés et assujettis à un tarif minimal de 20 000 $, et le gouvernement récupérera 17 000 $ en droits de scolarité pour les étudiants du 1er cycle et ceux des programmes de maîtrise non axés sur la recherche tout en fournissant une subvention réduite aux universités. Enfin, bien que nous ayons demandé à maintes reprises que tout changement à la structure des droits de scolarité soit reporté à 2025, étant donné que le cycle de recrutement en cours est très avancé, le gouvernement maintient sa décision d’aller de l’avant dès l’automne 2024.

Par ailleurs, le gouvernement a accepté des éléments du plan historique de protection et de promotion de la langue française formulé par les trois universités anglophones, lesquels seront mis en œuvre à l’automne 2025. Toutefois, il demande maintenant aux universités de s’assurer que 80 pour cent des étudiants non francophones du 1er cycle atteignent un niveau intermédiaire de compétence en français (au lieu des 40 pour cent que nous avions proposés), faisant de la réalisation de cet objectif une condition pour le financement des nouvelles mesures en matière de francisation. Nous avions fait notre proposition dans un sincère esprit de partenariat, mais la nouvelle cible est irréaliste et inatteignable.

Notre préférence a toujours été de ne voir aucune augmentation des droits de scolarité pour quelque personne étudiante que ce soit. Le tarif de 12 000 $ pour les étudiants du reste du Canada représente une augmentation de 30 pour cent dans la majorité de nos programmes – des programmes où les droits au Québec dépassent déjà la moyenne nationale. Comme nous en avons prévenu le gouvernement tout au long de nos échanges avec lui, cette mesure, combinée à la récupération des droits de scolarité des étudiants internationaux, aura de graves conséquences financières pour Concordia.

En effet, bien que nous ayons à cœur de promouvoir le français auprès de nos étudiants, le gouvernement ne tient pas compte, en fixant cet objectif, des investissements et du travail de planification et de conception de programmes sur mesure qu’exige sa réalisation. De plus, le gouvernement fait fi des répercussions financières de ses décisions au sujet des droits de scolarité, lesquelles limitent notre capacité à faire de nouveaux investissements dans la formation linguistique. Nous avons déjà exprimé ces inquiétudes à la ministre, et nous insistons sur la nécessité de mettre en place un processus de consultation avant que ces mesures soient mises en œuvre.

Nous aurions préféré ne voir aucune augmentation de droits de scolarité pour quelque personne étudiante que ce soit. En effet, le tarif de 12 000 $ pour les étudiants du reste du Canada représente tout de même une augmentation de 30 pour cent dans la majorité de nos programmes – des programmes où les droits au Québec dépassent déjà la moyenne nationale. Comme nous en avons prévenu le gouvernement tout au long de nos échanges avec lui, cette mesure, combinée à la récupération des droits de scolarité des étudiants internationaux, aura de graves conséquences financières pour Concordia.

De plus, le message négatif envoyé aux étudiants du reste du Canada et de l’étranger depuis la mi-octobre ne peut être effacé. Ainsi, nous observons déjà une baisse des demandes d’admission dans ces deux groupes, et nous savons qu’un déclin des inscriptions s’en suivra dans les deux cas. Et outre leurs répercussions financières, ces mesures auront des conséquences malheureuses pour notre identité en tant qu’université diversifiée et ouverte sur le monde.

Après plus de deux mois d’incertitude, il est urgent que nous tournions le regard vers l’avenir, tout d’abord en assurant une communication dynamique avec les étudiants potentiels et en leur offrant autant de soutien que possible. Comme le cycle de recrutement est déjà très avancé, nous maintiendrons les droits de scolarité des étudiants internationaux approuvés pour 2024-2025, plutôt que de répercuter sur eux toute récupération imposée par le gouvernement.

À titre de rappel, je tiens à préciser que les changements apportés par le gouvernement aux droits de scolarité ne s’appliquent ni aux étudiants déjà inscrits à Concordia ni à ceux qui s’inscriront à un programme de maîtrise avec mémoire (axé sur la recherche) ou de doctorat.

J’ai déclaré à maintes reprises que cette hausse des droits de scolarité sera nuisible à l’économie, à la collectivité et à l’image du Québec, y compris la façon dont nous sommes perçus à l’international. Mais la décision a été prise, et nous devons maintenant consacrer tous nos efforts à préserver le statut de Concordia en tant qu’université qui donne aux étudiantes et étudiants du Québec, du Canada et d’ailleurs la formation nécessaire pour s’adapter, innover et réussir dans le marché mondialisé d’aujourd’hui et de demain.

En terminant, je ne peux qu’exprimer ma profonde gratitude à toutes les personnes – de l’Université comme de l’externe – qui ont manifesté leur soutien à Concordia et aux autres universités anglophones pendant que nous faisions valoir notre point de vue. Merci en particulier aux membres du corps professoral et aux directrices et directeurs de département qui ont tablé sur leur expertise et formulé, dans leurs communications dans les médias et leurs discussions avec des collègues, de puissants arguments fondés sur les faits, la logique et les données. Merci également aux étudiants, aux employés et aux diplômés qui ont appuyé notre cause auprès du gouvernement ainsi qu’auprès d’amis de l’Université et de personnes d’influence à l’extérieur du campus. Votre foi dans notre valeur pour le Québec témoigne d’une vérité fondamentale relative au pouvoir de l’enseignement supérieur et au désir de diffuser et de faire progresser le savoir pour le bien de la société.

Nous devons maintenir notre solide attachement à ces valeurs et à ces ambitions tout en continuant nos efforts en vue de faire reconnaître leur importance pour notre avenir, celui des établissements anglophones ainsi que la réputation du Québec et du Canada sur la scène mondiale.


Graham Carr
Recteur et vice-chancelier




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