L’univers intime du professeur Evergon, retraité de l’Université Concordia, est exposé au Musée national des beaux-arts du Québec
Le Musée national des beaux-arts du Québec (à Québec) rend hommage à Evergon, photographe canadien et professeur retraité de l’Université Concordia, en lui consacrant une importante exposition rétrospective de ses 50 ans de carrière. L’exposition Evergon. Théâtres de l’intime qui se tiendra jusqu’au 23 avril présente plus de 230 œuvres, dont plusieurs inédites.
Le public est invité à explorer l’univers intime et théâtral d’Evergon. Son imagerie audacieuse « balaie les canons de beauté usuels en représentant des corps atypiques auxquels il donne du panache », comme le décrit le site Web du musée.
En devant faire une sélection parmi des milliers de pièces, Evergon souligne que la collection Théâtres de l’intime a nécessité de nombreuses années de travail. Il a notamment dû surmonter les défis dus à la pandémie de COVID-19, la distance et des problèmes de santé.
« Bernard Lamarche est le génie de cette exposition », dit-il en parlant du commissaire de l’exposition.
« Il se consacre à ce projet depuis plusieurs années. J’ai vu la magnifique présentation achevée uniquement lors du vernissage. Grâce à la conception de Loïc Lefebvre, les espaces d’installation aménagés affichent une fluidité visuelle, des couleurs et des dimensions exceptionnelles. »
Un pionnier sur les plans artistique et social
L’artiste, qui utilise les pseudonymes Celluloso Evergoni, Egon Brut et Eve R. Gonzales, a fait sa marque en tant que pionnier artistique et social. Il est un défenseur de longue date des droits des personnes 2ELGBTQIA+.
« Mon art et mon militantisme ne font qu’un. C’est un style de vie composé de rêves et de réalité, affirme-t-il. Chaque action et chaque non-action sont politiques. En ne travaillant pas pour quelque chose, vous travaillez contre celle-ci. »
Une carrière prolifique
Tout au long de sa carrière, Evergon a exploré diverses techniques photographiques comme le cyanotype, le Polaroïd, l’imagerie numérique et l’holographie.
Pour souligner la portée sociale du célèbre artiste, M. Lamarche souligne qu’Evergon a ouvert plusieurs portes. « La dimension politique et sensualiste de son travail soulève des questions sur l’identité sexuelle tout en revisitant, avec une rare vitalité, le portrait, le paysage et le nu », déclare-t-il.
Pour M. Lamarche, se pencher sur une collection aussi vaste a été un processus empreint d’humilité et d’apprentissage. « La force créatrice d’Evergon est immense. Les thèmes de l’identité, de l’érotisme, du vieillissement et de la diversité corporelle sont au cœur de ses œuvres », ajoute-t-il.
« Ses recherches photographiques, technologiques et esthétiques audacieuses le caractérisent. Il est reconnu mondialement pour ses immenses Polaroïds en couleur des années 1980 et ses travaux holographiques primés. »
Evergon a été reconnu au Québec et à l’étranger et compte plus de 1 000 expositions collectives et en solo à son actif. Beaucoup de séries importantes d’Evergon, dont Manscapes et Ramboys, sont exposées au musée.
M. Lamarche ajoute que la série Margaret and I d’Evergon, qui met en scène sa mère et muse, a reçu des mentions élogieuses. « Les portraits nus en noir et blanc de Margaret, 80 ans, mettent en scène la fragilité et la dignité du corps vieillissant comme peu d’artistes ont su le faire », observe-t-il.
« L’enseignement m’a permis de rester jeune »
De 1999 à 2015, Evergon a enseigné la photographie au Département des arts plastiques de l’Université Concordia, où il est maintenant professeur émérite. En décrivant son rôle d’éducateur, Evergon cite le poète Robert Frost : « Je ne suis pas professeur, mais éveilleur. Je veux aider les étudiantes et étudiants à se découvrir pour qu’ils aient accès à une source intérieure tout au long de leur vie », dit-il.
« L’enseignement m’a permis de rester jeune d’esprit et de cœur. C’est aussi ce qui fait en sorte que ma pratique demeure actuelle. Les membres du corps professoral sont devenus mes pairs et les étudiants, ma famille. »
L’exposition Evergon. Théâtres de l’intime sera présentée au Musée national des beaux-arts du Québec jusqu’au 23 avril 2023.
Des œuvres d’Evergon sont aussi présentées au Musée d’art de Joliette dans le cadre de l’exposition L’atelier comme création. Histoires des ateliers d’artistes au Québec jusqu’au 14 mai. L’exposition solo d’Evergon, Nitty Gritty: Male Toilet Angst, est présentée à la galerie ELLEPHANT de Montréal jusqu’au 8 avril.