Un rêve de Disney devenu réalité
Une visite à Walt Disney World peut stimuler l’imagination d’un enfant. Ou, dans le cas de Sylvain Lavoie, B. Bx-arts en cinéma d’animation 2001, mener à une carrière.
L’animateur primé, qui a travaillé à l’Office national du film (ONF) sur des publicités animées et dans diverses maisons de production québécoises, a récemment terminé un projet de réalisation des saisons trois à cinq de la série F pour famille sur Netflix. L’émission animée qui évoque Henri pis sa gang a été produite par l’acteur Vince Vaughn et créée par l’humoriste américain Bill Burr ainsi que l’auteur-producteur Michael Price, un vétéran de la salle de rédaction des Simpson.
« Il s’agit du plus gros projet sur lequel j’ai travaillé, déclare M. Lavoie. On n’a pas souvent ce genre d’occasion. » L’avantage était de pouvoir travailler à Montréal tout en contribuant à l’éducation de ses jeunes enfants. Non pas que ses enfants, qui ont maintenant sept et neuf ans, regardaient souvent l’émission. F peut en effet être synonyme de famille, mais signifie aussi d’autres mots dans cette série destinée aux adultes, qui s’est terminée à l’automne 2021.
M. Lavoie tient également à ce que ses enfants acquièrent une formation approfondie sur les classiques de l’animation. Steamboat Willie, le court métrage d’animation de 1928 qui a fait connaître Mickey Mouse, était l’un des premiers dessins animés préférés de son fils. Parmi ses propres héros, M. Lavoie compte des légendes de l’animation comme Chuck Jones, Richard Williams (Qui veut la peau de Roger Rabbit?) et les légendaires Neuf Sages de Disney, principaux animateurs de l’époque.
« Mon objectif était de travailler pour Disney »
C’est en 1990 que Sylvain Lavoie, alors âgé de 13 ans, a été captivé par une visite du Magic of Disney Animation Tour (« la magie de l’animation Disney ») au parc thématique Disney’s Hollywood Studios, en Floride.
« J’ai grandi avec Bugs Bunny et les dessins animés du samedi matin. J’adorais également les bandes dessinées », raconte M. Lavoie. Le circuit, fermé définitivement en 2015, a nourri son enthousiasme d’une manière inattendue.
« Vous pouviez passer derrière une grande fenêtre et voir comment le film était réalisé, à partir des scénarimages, etc. Vous pouviez aussi observer les animateurs au travail, en train de tracer des cellules, de peindre, de créer des arrière-plans et tout le reste, explique-t-il, toujours avec le même enthousiasme. J’ai dit : “C’est ce que je veux faire. Je veux dessiner sur du papier et faire bouger les dessins.” J’étais accro. »
Comme les possibilités de poursuivre sa passion dans sa ville natale de Sainte-Adèle, dans les Laurentides, au Québec, étaient limitées, son chemin l’a finalement mené à Concordia.
« [Le programme de cinéma d’animation] était très vaste. J’étais l’un des seuls à avoir des visées commerciales, explique M. Lavoie. La plupart des gens avaient pour objectif de travailler pour l’ONF; le mien était de travailler pour Disney. »
En cours de route, M. Lavoie a pu combiner études et travail. Il a rejoint un réseau composé de professeurs et d’étudiants qui l’ont soutenu. « C’était génial pour le réseautage, se souvient-il. Nous sommes d’ailleurs toujours en contact. » Une partie de ce travail consistait à produire des publicités télévisées animées et d’autres contenus plus intellectuels pour l’ONF, de 1998 à 2000. Lors de sa dernière année à Concordia, il travaillait essentiellement à temps plein.
À 27 ans, M. Lavoie a reçu l’offre de son premier poste de réalisateur et est resté dans ce domaine, récoltant plusieurs prix et nominations au cours de deux décennies.
Il a percé en tant que réalisateur de la série de Radio-Canada Vie de quartier (Life on the Block), inspirée des personnages développés par les humoristes québécois Dominique Lévesque et Dany Turcotte. C’était la première fois qu’une série familiale animée était diffusée sur le réseau francophone à l’heure de grande écoute.
L’animation a considérablement changé depuis l’arrivée de M. Lavoie dans le domaine. Des entreprises telles que Pixar et DreamWorks n’en étaient qu’à leurs débuts, et la technologie numérique qui permet de produire un long métrage à la vitesse de la lumière et à moindre coût n’existait pas.
Aujourd’hui, les possibilités sont infinies, à l’instar des rêves de Sylvain Lavoie.