De stagiaire à chef de la direction en 5 ans : comment Samy Benhamza met à profit l’énergie solaire
Samy Benhamza, B. Ing. 2020, a su dès qu’il a mis les pieds à Concordia qu’il voudrait lancer sa propre entreprise après avoir obtenu son diplôme.
Pour le jeune ingénieur mécanique, il restait dès lors à déterminer de quel type d’entreprise il s’agirait.
« Chaque année, je me disais la même chose : “Mais que pourrais-je donc faire, mais pourrais-je donc faire?” », se souvient M. Benhamza, maintenant âgé de 27 ans.
En 2019, il allait entreprendre sa dernière année au Département de génie mécanique, industriel et aérospatial de Concordia quand il a soudainement trouvé réponse à sa question.
Alors qu’il effectuait un stage à l’usine de Sainte-Claire, au Québec, de la division Prévost du Groupe Volvo, M. Benhamza a eu l’idée de créer un panneau solaire pour autobus électriques. L’idée a plu à son équipe, qui s’est lancée dans l’aventure.
« Et ça a fonctionné », déclare fièrement M. Benhamza.
Il venait de découvrir la voie à suivre.
« Je savais que je voudrais fabriquer des panneaux solaires pour automobiles lorsque j’aurais terminé mon stage. Il s’agissait de trouver un moyen d’y parvenir qui aurait du sens. »
Quelque cinq ans plus tard, lui et son équipe de 10 personnes de CAPSolar y sont justement parvenus. Fondée conjointement avec son collègue de Concordia Hanssan Permalloo, B. Ing. 2020, la jeune pousse montréalaise conçoit et construit des panneaux solaires adaptables qui peuvent être montés sur différents véhicules électriques (VE) comme des vélos, des voitures, des camions et même des embarcations.
Les experts des VE, comme Elon Musk, affirment qu’il est impossible d’alimenter la plupart des VE uniquement au moyen de l’énergie solaire.
M. Benhamza est d’accord.
« Le solaire peut toutefois jouer un rôle d’appoint, déclare M. Benhamza. En Amérique du Nord, par exemple, l’énergie solaire peut permettre de gagner de 20 à 35 kilomètres d’autonomie supplémentaire par jour sur une Tesla Model 3. »
En mars, l’entreprise a ouvert dans Ahuntsic-Cartierville la première usine de fabrication de panneaux solaires flexibles de l’Est du Canada.
M. Benhamza reconnaît que les cinq dernières années n’ont pas été faciles et que l’entreprise se trouve aujourd’hui à un point charnière de son évolution. Il demeure toutefois convaincu du potentiel de son produit.
« La plupart des gens pensent que le solaire sera notre principale source d’énergie d’ici 2030, ce qui est une bonne chose, estime-t-il. Mais tout le potentiel du solaire n’a pas encore été exploité, et nous devons donc installer des panneaux solaires partout où cela est possible. »
« Une occasion à saisir »
Il y a de cela plusieurs années, lorsque M. Benhamza a commencé à se renseigner sur les VE propulsés à l’énergie solaire, les experts scientifiques s’étaient déjà prononcés : si certains y croyaient, d’autres n’y voyaient qu’une chimère.
« En général, cela signifie qu’il y a une occasion à saisir », de dire M. Benhamza.
L’été où son stage s’est terminé, M. Benhamza a donc repris son idée de panneau solaire avec M. Permalloo dans le cadre de leur projet de synthèse, qui consistait à construire un module solaire pour alimenter un véhicule apte à circuler à basse vitesse sur la route, soit le Polaris GEM e4 2005 de Daimler Chrysler. Le projet s’est rendu jusqu’en finale.
C’est pour avoir accès à ce genre de possibilités que M. Benhamza voulait étudier à Concordia. Deux autres membres de sa famille, Maher, B. Ing. 2015, et Reda, B. Ing. 2019, sont d’ailleurs eux aussi diplômés de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody.
Aujourd’hui, cette formation contribue à l’essor d’une jeune entreprise. CAPSolar compte actuellement parmi ses clients la Ville de Montréal, l’Association des fabricants de pièces d’automobile, Vision Marine Technologies ainsi que l’un des plus importants constructeurs de véhicules automobiles au monde (dont CAPSolar ne peut dévoiler le nom pour l’instant).
« Bien plus complexe que nous l’avions d’abord pensé »
Depuis qu’elle a démarré sa chaîne de fabrication en mars, l’entreprise s’est concentrée sur l’amélioration de ses procédés et de ses produits, précise M. Benhamza.
Mais il admet que ce n’est pas une mince affaire. « C’est bien plus complexe que nous l’avions d’abord pensé et il nous faut davantage de capitaux que prévu. »
Il explique que l’un des principaux obstacles a été de persuader des clients d’utiliser l’énergie solaire dans le marché relativement nouveau des véhicules électriques.
« Certains ne sont même pas sûrs de vouloir utiliser des batteries, et moi je vends un dispositif qui rend les batteries meilleures. Il peut donc être un peu difficile de convaincre les gens. »
Mais il estime que le plus grand défi est en fait d’ordre esthétique.
« Esthétiquement parlant, les gens n’acceptent pas de voir un panneau solaire ordinaire sur une voiture ou un camion. Or, il est ardu de conjuguer style et performance tout en gardant les coûts bas. »
Malgré ces obstacles, M. Benhamza déborde d’optimisme quant à l’avenir de CAPSolar et des véhicules à énergie solaire en général.
« Le solaire doit faire partie de l’alimentation énergétique de tout appareil mobile, dit-il. Il ne suffit pas d’installer des panneaux solaires sur des fermes, des maisons et des bâtiments. On doit en trouver partout. »