Pratiques d'auto-cartographie; la place des objets et des rituels
Pour le premier regroupement d’artistes, je souhaite attirer votre attention sur les relations que nous établissons avec les objets matériels, et comment celles-ci s’enrichissent grâce à une série de gestes cérémoniaux. La zone de congrégation tissée à l’aide de spathe de maïs par l’artiste Anahi Arciniega, dans l’installation Alive memories and happy places, rappelle des souvenirs de plats préparés avec des êtres chers dans son pays natal, le Mexique. Dans cette œuvre la commensalité est présentée comme une séquence de mouvements, d'odeurs et de sons, composant un langage d'amour et de partage. Les cosses de maïs représentent un paysage et un environnement culturels qui sont une partie intégrante de son être. Dans une ligne de pensés similaire à Arciniega, l’artiste flora fauna utilise l’aspect social de la matière, dans la sculpture what my ancestors wore, afin de porter une réflexion au soi situé à la jonction de deux cultures. Soigneusement moulée sur leur corps, cette armure, faite de papier coréen et cotte de mailles, fait écho à l’histoire de son ascendance mixte. Orné de porte-bonheurs, cette œuvre portable démontre la capacité de sculpter doucement un espace pour un soi qui n'est pas fracturé, mais entier. En conversation avec fauna, Le Lin pose des questions profondes sur la manière dont un corps queer et trans s'inscrit au sein de la notion de la patrie: comment s'intègre-t-il dans les récits micros et macros d'un lieu, des mouvements diasporiques et de la langue? Le rituel au cœur du projet 我只穿了一条短裤 I only wore a pair of shorts 回味 / Aftertaste rend possible une réponse cognitive à ses interrogations.
Pour ces artistes, cette thématique existe grâce à la mise en œuvre d’un objet mnémonique, un plan d'archivage pour eux-même et pour d'autres qui partagent une expérience similaire.
- Geneviève Wallen, coordinatrice aux expositions