Une méthode conçue à Concordia permettant d’évaluer la probabilité de transmission de la COVID-19 en lieu clos gagne en popularité dans toute l’Amérique du Nord
Il est de plus en plus probable que l’humanité devra apprendre à vivre avec la COVID-19. Mais cela ne veut pas dire que nous devons baisser la garde ou ne pas tenir compte du mode de transmission du virus au sein de la population.
À mesure que s’approfondit notre compréhension du mode de transmission du virus, l’éventail d’outils visant à atténuer le risque d’infection s’enrichit. Figure parmi ces outils le City Reduced Probability of Infection (CityRPI; réduction du risque d’infection en ville), un site Web mis au point par Leon Wang, professeur agrégé de génie du bâtiment, civil et environnemental à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody, secondé par les doctorants Ali Katal et Maher Albettar. Inauguré au printemps 2020, CityRPI permet de calculer la probabilité d’infection à la COVID-19 par aérosols à l’intérieur des bâtiments de Montréal.
Dans un nouvel article publié dans la revue Sustainable Cities and Society, les Prs Katal, Wang et Albettar expliquent comment la portée de l’outil pourrait être élargie pour en permettre l’application dans d’autres villes d’Amérique du Nord. Le rayonnement du site s’est accru à mesure que le projet de départ s’est fait connaître au Canada et aux États-Unis et que l’équipe conceptrice a commencé à collaborer avec d’autres chercheuses et chercheurs.
CityRPI détermine la probabilité de transmission virale à partir de données techniques saisies par les personnes utilisatrices, comme le taux de renouvellement de l’air, la ventilation et les conditions liées à la filtration de l’air. Certains types de bâtiments comme les immeubles de bureaux, les établissements universitaires et les magasins de détail ont été ajoutés pour rendre les résultats encore plus personnalisés. Il est également possible d’entrer les mesures d’atténuation mises en place comme le port du masque, l’installation d’un nouveau système de filtration de l’air, la réduction du temps passé sur les lieux, l’ouverture des fenêtres et autres. Des données quotidiennes sur les cas de COVID-19 sont fournies en temps réel.
Selon les chercheurs, l’outil peut aider les responsables de la santé et le public à formuler des stratégies visant à réduire le risque de transmission virale en lieu clos, dans un contexte où les mesures sanitaires s’assouplissent et où les interactions sociales reprennent.
Des solutions adaptées à chaque bâtiment
Outre la vaccination complète, le port du masque constitue toujours la méthode la plus efficace pour réduire le risque de transmission de la COVID-19. Le Pr Wang fait remarquer qu’il existe une gamme de stratégies complémentaires auxquelles on peut avoir recours pour réduire le risque encore davantage, mais que ces stratégies n’ont pas toutes la même efficacité dans les différents types de bâtiments.
« Comme on peut le voir sur le site Web, chaque bâtiment a ses particularités », relève-t-il. « Par conséquent, le risque associé à chacun d’entre eux est différent. L’efficacité des mesures ne devrait donc pas être évaluée dans l’absolu. Il nous faut déterminer au cas par cas les stratégies qui donnent les meilleurs résultats pour chaque bâtiment. Ainsi, un purificateur d’air peut se révéler très efficace dans une salle de classe, mais beaucoup moins dans un vaste espace intérieur comme une salle de concert. »
Le Pr Wang croit que l’utilisation de CityRPI ne devrait pas se limiter aux bâtiments, et il envisage plusieurs autres fonctionnalités. Par exemple, il songe à élaborer une méthode dynamique permettant d’évaluer et d’atténuer le risque à partir des mouvements des personnes, pour que celles-ci soient en mesure de détecter les risques d’infection lors de leurs déplacements quotidiens. Une autre fonctionnalité consisterait à utiliser des données publiques afin d’évaluer les niveaux de CO2 et rapporter l’état de la ventilation dans les écoles locales. L’outil peut également être adapté pour détecter la transmission d’autres virus par voie aérienne.
« Le site Web peut être perfectionné pour qu’il fournisse des renseignements non seulement sur la COVID-19, mais aussi, par exemple, sur la grippe. La méthodologie est la même. Le site pourrait fournir des directives et des indications aux personnes qui souhaitent réduire leur risque d’attraper la grippe ou d’autres maladies transmissibles par voie aérienne. »
La recherche a été subventionnée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et son programme de soutien à l’avancement de la recherche sur les changements climatiques au Canada.
Lisez l’article mentionné : A real-time web tool for monitoring and mitigating indoor airborne COVID-19 transmission risks at city scale.