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Au-delà du podium : 50 ans de porte-parole de promotion

Cinq diplômées et diplômés exceptionnels de chaque décennie de l’histoire de Concordia racontent comment l’Université a contribué à leur réussite
22 octobre 2024
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Par Kay Pettigrew, B.A. 2022


Un jeune homme vêtu d'une robe de fin d'études se tient sur un podium pour prononcer le discours du major de sa promotion.

Depuis 1974, l’Université Concordia a décerné le titre de porte-parole de promotion à près de 300 étudiantes et étudiants d’exception, choisis pour leurs réalisations remarquables, qu’il s’agisse de leurs études, de leur participation à la vie étudiante ou de leur contribution à la communauté universitaire.

Nous nous sommes entretenus avec cinq de ces distingués diplômés – un par décennie depuis la fusion de la Sir George Williams University et du Loyola College – pour savoir comment la montée sur le podium lors de la collation des grades a influé sur leur parcours après l’obtention de leur diplôme.

Louis Hugo Francescutti, B. Sc. 1980

Un homme aux cheveux blancs courts et à la barbe blanche sourit avec un drapeau du Canada derrière lui. Il porte une chemise blanche et une cravate noire sous une veste des Forces armées canadiennes. « J’ai appris il y a longtemps à Concordia qu’il est préférable de s’entourer de personnes beaucoup plus intelligentes que soi. » | Photo : Forces armées canadiennes

Louis Hugo Francescutti est médecin urgentiste, auteur, professeur d’université, conseiller en sécurité et en prévention des blessures, et conférencier motivateur. Il a été président du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada ainsi que de l’Association médicale canadienne, et a été nommé colonel honoraire par les Forces armées canadiennes. Depuis décembre 2023, il est également membre de l’Ordre du Canada.

« Je m’estime heureux des opportunités dont j’ai bénéficié et de la position que j’occupe dans la vie, affirme-t-il. J’aurai bientôt 71 ans en décembre, mais je ne le ressens pas. »

Bien que nombre de ses collègues aient pris leur retraite depuis longtemps, M. Francescutti demeure motivé. L’un de ses récents projets est un agent conversationnel reposant sur l’IA conçu en collaboration avec des étudiantes et étudiants de l’Institut de technologie du Nord de l’Alberta. Cette initiative devrait aider les patients des salles d’urgence qui sont sans domicile fixe en leur fournissant rapidement un lit et un moyen de transport.

M. Francescutti fait également partie d’une équipe de parents qui s’efforcent de créer des milieux de vie sûrs et inclusifs pour les personnes handicapées qui ont besoin d’une prise en charge à temps plein, comme sa fille Laura.

« Laura ne pourra pas se débrouiller seule lorsque ma femme et moi serons partis, explique-t-il. Je veux créer un environnement où elle – et d’autres personnes comme elle – pourra bénéficier d’un soutien de qualité. »

Louis Hugo Francescutti souligne que la réussite repose sur une collaboration efficace.

« J’ai appris il y a longtemps à Concordia qu’il est préférable de s’entourer de personnes beaucoup plus intelligentes que soi. Continuez à apprendre d’elles, mais surtout, veillez à ce qu’une idée puisse faire son chemin en créant un sentiment de propriété chez les autres, même si c’est vous qui en êtes à l’origine », précise-t-il.

« Vous ne réalisez pas les occasions qui s’offrent à vous au début de votre formation professionnelle, mais vous vous rendez compte par la suite qu’elles en étaient les éléments constitutifs. »

Marika Giles Samson, B.A. 1996

Une femme aux cheveux courts et blonds porte des lunettes à monture noire et un foulard mauve autour du cou. « Le mentorat n’est pas une question d’enseignement. Il s’agit de créer un espace pour que les gens se sentent inclus et capables, et de les aider à trouver leur place. » | Photo : Court Challenges Program

« Je dis à la blague que j’ai obtenu mon diplôme en débat et en gouvernement étudiant », affirme Marika Giles Samson, ancienne présidente de l’Union des étudiants et étudiantes de Concordia (CSU), qui est maintenant directrice du Programme de contestation judiciaire (PCJ), un organisme qui offre un soutien financier aux Canadiennes et Canadiens pour qu’ils puissent présenter des causes types importantes devant les tribunaux. Ces affaires visent à définir et à défendre les droits constitutionnels et quasi constitutionnels, notamment les droits relatifs aux langues officielles et les droits de la personne, et ce, à l’échelle nationale.

En plus de son implication au sein de la CSU, Mme Samson a participé à des débats dans le cadre de compétitions nationales et internationales tout en poursuivant ses études en communication. À la fin de quatre années bien remplies, elle s’est aperçue qu’il lui manquait un crédit et a donc décidé d’opter pour une mineure en sociologie.

« Je pense que cela m’a beaucoup transformée, et pas seulement à cause de la matière, explique-t-elle. Je ne crois pas que mon parcours universitaire ultérieur aurait été possible autrement. »

En se concentrant sur ses cours et en « apprenant à être une vraie étudiante », Mme Samson a trouvé sa voie. Bien qu’elle se soit souvent sentie cataloguée lorsque d’autres personnes lui suggéraient une carrière en droit, ses amis l’ont convaincue de tenter le coup. Ayant amélioré ses notes et usé de stratégies universitaires, elle a pu obtenir son diplôme de droit à la Osgoode Hall Law School de l’Université York.

« J’ai trouvé ma voie et c’était comme une révélation, précise-t-elle. On dit que la discipline qu’une personne choisit façonne sa vision du monde. Pour moi, le droit a canalisé mon énergie et ma réflexion. »

Après quelques années en tant qu’avocate plaidante, Mme Samson a obtenu une maîtrise et un doctorat en droit. Depuis, sa carrière l’a conduite à s’engager en faveur des droits de la personne et de l’État de droit. Elle a notamment enseigné la défense des droits et les droits de la personne à la faculté de droit de l’Université McGill, et a été directrice générale intérimaire du Centre for Human Rights and Legal Pluralism (CHRLP) de la faculté.

Marika Giles Samson s’est également avérée une mentore active, soutenant des étudiantes et étudiants en droit dans le cadre du programme de stages internationaux en droits de la personne du CHRLP, et embauchant des étudiants en droit pour travailler au PCJ. Parmi ses propres mentors figurait Brian Counihan, ancien directeur de la vie étudiante de Concordia, qui lui a appris à faire de la place aux autres pour qu’ils puissent s’épanouir.

« Le mentorat n’est pas une question d’enseignement, fait-elle remarquer. Il s’agit de créer un espace pour que les gens se sentent inclus et capables, et de les aider à trouver leur place. »

« Tout le monde devrait avoir la possibilité d’apprendre et de se développer. »

Sue-Anne Fox, B. Comm. 2001

Une femme aux longs cheveux bruns sourit et porte un chemisier blanc orné de petites fleurs. « À Concordia, nous n’avons pas seulement acquis ces compétences générales, nous les avons développées et avons appris à les mettre en pratique. »

À la différence de Marika Giles Samson, Sue-Anne Fox a toujours su qu’elle voulait devenir avocate. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, elle a passé un an comme page à la Chambre des communes tout en étudiant à l’Université d’Ottawa avant de s’inscrire à l’École de gestion John-Molson de Concordia.

« Concordia m’a attirée en raison de l’accent qu’on y met sur la pratique », affirme-t-elle.

Classée première de sa promotion, Mme Fox a entamé directement des études en droit. Elle attribue à son diplôme de premier cycle en marketing et en commerce international un avantage important dans sa carrière juridique.

Aujourd’hui, Mme Fox est conseillère juridique principale au sein du Groupe Financier Banque TD. Le fait d’avoir des bases en gestion a été d’une valeur inestimable pour son parcours professionnel.

« Cela m’a permis d’instaurer un climat de confiance avec mes homologues du monde des affaires, souligne-t-elle. Il ne s’agit pas seulement de dire "je suis une avocate qui donne des conseils juridiques", mais "je suis une avocate qui comprend ce que vous essayez de faire et je suis capable de travailler avec vous pour vous aider à atteindre votre objectif." »

Mme Fox ajoute que l’élaboration de solutions pratiques et axées sur les affaires implique d’entretenir des relations positives non seulement avec ses clients, mais aussi avec ses collègues.

« Pour mettre la théorie en pratique, lorsque la banque a lancé une fonctionnalité d’alerte électronique, j’étais la responsable juridique du projet, explique-t-elle. J’ai pu tirer parti de mes relations avec mes pairs pour fournir une rétroaction consolidée pluridisciplinaire. »

Les compétences en matière de gestion du temps et de collaboration acquises dans le cadre de travaux de groupe et de concours d’études de cas à Concordia se sont également révélées essentielles pour Sue-Anne Fox depuis qu’elle a prononcé son discours à titre de porte-parole de sa promotion.

« Quand je repense à mes études de premier cycle, j’ai beaucoup appris à amener les gens à collaborer, se souvient-elle. Lorsque vous obtenez votre diplôme et entrez sur le marché du travail, vous constatez l’application pratique des compétences que vous avez développées et que vous avez eu la chance de tester en milieu pédagogique. »

« À Concordia, nous n’avons pas seulement acquis ces compétences générales, nous les avons développées et avons appris à les mettre en pratique. »

Keroles Riad, B. Ing. 2013, M. Sc. 2016, Ph. D. 2021

Un homme à la courte barbe noire sourit à la caméra. Il porte un blazer bleu foncé sur une cravate et une chemise blanche, ainsi que des lunettes et un fedora noir. « Nous devons essayer, échouer, apprendre et nous adapter, puis essayer, encore et encore. » | Photo : Lindsay Ralph

Si vous avez déjà utilisé un bac de compostage sur le campus de Concordia, vous devez remercier Keroles Riad.

M. Riad était étudiant du premier cycle à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody lorsqu’il a lancé Waste Not, Want Not (WNWN), une initiative qui a permis de réduire de 16 % le volume global des déchets annuels de chaque membre de la communauté de Concorda et d’appuyer les objectifs de durabilité de l’Université.

« Le projet WNWN a commencé comme une passion et n’avait pas grand-chose à voir avec mon diplôme ou mes recherches », explique-t-il.

« Mais je me suis rendu compte que ce type d’initiative exigeait d’être méthodique et systématique, et c’est là que mon esprit d’ingénieur est entré en jeu. C’était aussi une excellente occasion de gérer une équipe et de diriger des programmes. »

M. Riad a depuis transformé sa passion en une entreprise certifiée B Corp et baptisée enuf, qu’il a fondée pour continuer à s’attaquer à la crise des déchets. En tant que directeur général, il pilote une équipe qui propose des audits de déchets, des services de compostage et des « brigades vertes » qui aident les personnes participantes à trier leurs déchets lors d’événements.

L’accent mis sur la durabilité nourrit également ses recherches en cours sur l’impression 3D. En tant que boursier postdoctoral Banting à l’Université Carleton d’Ottawa, M. Riad a récemment cosigné un article avec Paula Wood-Adams, ancienne professeure, chercheuse et doyenne des études supérieures de Concordia, sur l’utilisation de la nanotechnologie pour améliorer la durabilité des matériaux imprimés en 3D.

« Paula a facilité une visite d’Axis Protoype, une imprimerie de Montréal, où j’ai appris que les résines photodurcissables utilisées dans l’impression 3D sont sensibles à la lumière du soleil – l’un des plus grands problèmes auxquels fait face l’industrie, explique-t-il. C’est devenu mon projet de recherche. »

Les lasers utilisés pour l’impression 3D produisent le même type de lumière ultraviolette (UV) que le soleil. Lorsque les pièces imprimées sous UV sont exposées à la lumière du soleil, les matériaux continuent de durcir et se désagrègent souvent au bout de quelques semaines. L’article récemment publié par Keroles Riad et Paula Wood-Adams est l’aboutissement d’une décennie d’études visant à créer une résine stable pour résoudre ce problème.

« Nous pensions y parvenir en six mois, mais il nous a fallu dix ans », précise le chercheur en riant.

« Il a été intéressant d’apprendre à quel point il faut persévérer pour atteindre son objectif de recherche. De par leur formation, les expérimentateurs sont têtus– nous devons essayer, échouer, apprendre et nous adapter, puis essayer, encore et encore. »

Desirée de Jesus, Ph. D. 2020

Gros plan d'une femme posant son visage sur sa main. Elle est souriante, a de longs cheveux noirs et porte une chemise blanche avec des rayures horizontales noires. « Je me considère comme faisant partie d’une longue tradition d’étudiantes et d’étudiants noirs à Concordia qui s’engagent à changer les choses. »

Chercheuse depuis l’enfance, Desirée de Jesus explore et réimagine des histoires tirées de la télévision et du cinéma.

« Quand j’étais jeune, j’allais à la bibliothèque et je consultais tous les livres que je pouvais trouver sur l’émission ou le film que je venais de regarder, se souvient-elle. Ensuite, je créais un petit dossier avec des notes sur la refonte, sur la façon dont l’histoire aurait dû se dérouler ou sur ce que cela aurait donné dans un jeu vidéo. »

Mme de Jesus décrit cette curiosité précoce comme une « fabulation critique » – une approche qu’elle utilise encore aujourd’hui en tant que professeure adjointe de communication et d’études des médias à l’Université York.

Son travail explore les intersections de la race, du genre, de l’esthétique et de la technologie à travers des méthodes de recherche-création telles que les essais vidéo et l’art vidéo expérimental.

L’expérience de l’ancienne chercheuse engagée et porte-parole de promotion de Concordia au Centre de recherche TAG (technoculture, art et jeux) de l’Université – le centre de recherche sur les jeux le plus important et le mieux établi du Canada – s’est avérée déterminante. Un marathon de création de jeux au centre a en effet exposé Mme de Jesus à des modes de recherche alternatifs comme le jeu, la déformation et la création, ce qui a renforcé sa confiance dans ses méthodes de recherche et de diffusion expérimentales.

Son travail se concentre principalement sur la condition des jeunes filles noires, notamment dans le cadre d’un récent projet d’animation qui reconstitue des vidéos de surveillance de la brutalité policière à l’encontre de ces jeunes filles. Enracinés dans l’engagement communautaire, ses projets de recherche collaborative garantissent que les personnes participantes contribuent au processus et l’approuvent.

Cette approche éthique de ses recherches, guidée par la responsabilité et l’obligation de rendre compte, a été modélisée par la professeure Danielle Bobker et la professeure agrégée Gada Mahrouse de Concordia, dans le cadre de leur groupe de travail sur le féminisme et l’humour controversé.

« J’ai discuté avec d’autres chercheuses et chercheurs qui étudient la condition des jeunes filles noires pour savoir comment assumer ma responsabilité à l’égard de ces jeunes filles, de leur image et de leur consentement, explique Mme de Jesus. Le fait de voir Danielle et Gada composer avec les tensions et l’éthique liées à certains types de recherche s’est avéré très formateur. J’ai trouvé très utile de pouvoir compter sur des personnes qui peuvent m’aider à réfléchir à ces questions aujourd’hui. »

Elle ajoute que sa participation au groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs a également joué un rôle déterminant dans son développement en tant que chercheuse et citoyenne.

« Je suis reconnaissante d’avoir contribué aux mesures prises par Concordia pour réparer les torts causés, faire un geste en vue d’établir une nouvelle relation avec les communautés noires et admettre l’existence d’une dynamique éprouvante. Je me considère comme faisant partie d’une longue tradition d’étudiantes et d’étudiants noirs à Concordia qui s’engagent à changer les choses. »

« Je pense que ces efforts méritent d’être reconnus comme une partie importante de ce que nous célébrons. »



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