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Grand Concordien : Yves Bélanger, directeur photo primé

« Concordia m’a ouvert les yeux sur les possibilités qu’offre le cinéma »
16 avril 2025
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Par Ian Harrison, B. Comm. 2001


Alt="Photo en noir et blanc où l'on voit Yves assis à une table, les bras croisés. Il regarde sur sa gauche quelque chose au loin." Photo par Jean-Francois-Cormier

Lorsqu’Yves Bélanger, B. Bx-arts 1984, était un jeune garçon vivant à Sainte-Foy, au Québec, son père l’a emmené voir le film de Stanley Kubrick, 2001 : l’odyssée de l’espace.

 « J’ai eu une réaction physique, se souvient le directeur photo primé. Par la suite, je suis devenu accro au cinéma. »

La passion naissante du jeune Bélanger a continué de s’épanouir. À l’âge de 12 ans, il a fait une présentation orale sur Kubrick et a ensuite été captivé par le film culte du réalisateur, Orange mécanique.

Peu après, Bélanger s’est mis à manier la caméra, et plus tard, a fait la connaissance de personnes qui partageaient son engouement pour le septième art à l’école de cinéma de Concordia, maintenant appelée l’École de cinéma Mel-Hoppenheim.

« Concordia m’a ouvert les yeux sur les possibilités qu’offre le cinéma », affirme-t-il.

Sa carrière a pris son envol grâce au court-métrage Killing Time en 2001, pour lequel il a reçu une nomination pour le prix de la Canadian Society of Cinematographers (CSC). Il a également remporté un prix du CSC en 2003 pour le court-métrage Wildflowers, et a été sélectionné pour le film Cheech, en 2006.

Par ailleurs, sa collaboration avec le réalisateur Xavier Dolan pour le film Laurence Anyways (2012) lui a valu une nomination au Camerimage.

Toutefois, c’est son travail sur Dallas Buyers Club (2013) avec le réalisateur Jean-Marc Vallée qui l’a consacré. Le film oscarisé a marqué un jalon important dans sa carrière, et l’a amené à diriger des projets tels que Brooklyn (2015), réalisé par John Crowley, pour lequel il a reçu le prix de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision pour la meilleure direction photographique, et trois longs-métrages avec Clint Eastwood.

Le partenariat le plus fructueux de Bélanger a sans aucun doute été celui qu’il a entretenu avec son regretté ami, Jean-Marc Vallée, avec qui il a tourné Wild (2014), Démolition (2016) et la série de HBO, Big Little Lies (2017).

À la suite du décès tragique du réalisateur montréalais en 2021, le jour de Noël, peu après sa dernière apparition publique dans le cadre d’un événement organisé par Concordia, où il était en compagnie de Bélanger, ce dernier a contribué au financement d’un fonds commémoratif portant le nom de Jean-Marc Vallée, dont l’objectif est de soutenir un étudiant ou une étudiante en production cinématographique.

Parmi les récentes collaborations du Grand Concordien, citons le film à suspense de Clint Eastwood, Juror No. 2, ainsi que la production québécoise Nos belles-sœurs, une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre Les belles-sœurs de Michel Tremblay, par René Richard Cyr.

Un homme aux cheveux et à la barbe grisonnants tient un microphone. Yves Bélanger lors de la conférence Wild Talks 2021 de Concordia qui mettait en vedette le cinéaste primé Jean-Marc Vallée, décédé peu de temps après.

Qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit quand vous repensez à vos études à Concordia?

Yves Bélanger : Je vivais à Québec lorsque je me suis inscrit en 1980 et je parlais peu l’anglais. Dès le début, j’ai eu l’impression d’être au pays des merveilles; nous avions à notre disposition des caméras, des tables de montage et du matériel de mixage, et nous pouvions bénéficier de l’expertise d’un corps professoral chevronné et d’étudiantes et étudiants des cycles supérieurs.

Je me souviens notamment de Rodney Gibbons, B. Bx-arts 1979, George Mihalka, B.A. 1973 et Christian Duguay, étudiant, 1980. Nous étions exposés à de grands films dans nos classes. C’était une période stimulante, et je m’inspire encore aujourd’hui de certains des films que j’ai vus à l’époque. J’ai réalisé que je voulais devenir directeur de la photographie au cours de ma deuxième année et, lorsque j’ai obtenu mon diplôme, j’avais déjà tourné plusieurs courts-métrages en tant que directeur photo. La formation que j’ai reçue à Concordia et la camaraderie avec les autres étudiantes et étudiants ont été inestimables.

Pouvez-vous énumérer certains des facteurs qui ont contribué à votre réussite?

YB : À la fin de mes études à Concordia, au début des années 1980, l’industrie du cinéma n’était pas très développée au Québec. Ma génération a dû attendre la fin de la décennie, et bon nombre d’entre nous ont commencé en tournant des vidéos de musique et des publicités. Nous devions trimer dur pour nous faire remarquer, mais ces efforts ont porté fruit.

Un autre facteur important a été l’établissement de relations. Par exemple, j’ai pu travailler avec Clint Eastwood parce que son caméraman, Steve Campanelli, B. Bx-arts 1983, était un camarade de classe à Concordia. En fait, je peux affirmer que plusieurs de mes collègues de Concordia font aujourd’hui partie de mon réseau professionnel.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes étudiantes qui souhaiteraient suivre vos traces?

YB : Tout d’abord, si vous souhaitez faire de la direction photo, tournez tout ce que vous pouvez, même si vous devez le faire bénévolement.

Ensuite, faites preuve de gentillesse. Vous ne savez jamais qui deviendra important dans l’avenir. La personne qui vous apporte un café aujourd’hui occupera peut-être un poste de direction demain. Il s’agit d’une petite industrie, et le fait d’être connu comme une personne avec qui il est agréable de travailler peut vous ouvrir de nombreuses portes.

Finalement, soyez humble et armez-vous de patience. Les premières années peuvent être difficiles, mais dans ce travail, la persévérance finit toujours par payer.

Quel effet cela vous fait-il d’avoir été nommé Grand Concordien?

YB : J’étais surpris et je ne m’y attendais pas du tout. Je me sens très chanceux. Tant de personnes talentueuses de Concordia ont eu de grandes carrières. C’est un honneur d’être nommé Grand Concordien, et ça me fait réfléchir à mon parcours. C’est aussi un rappel de l’importance de la communauté que nous avons bâtie à Concordia, une communauté qui continue de m’inspirer aujourd’hui.

Tirez fierté de nos Grandes Concordiennes et Grands Concordiens !



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