LE CONGRÉGATION ET L’ÉDIFICE DES SŒURS GRISES
SURVOL HISTORIQUE
Années 1700 : les débuts à Montréal
Les Sœurs de la Charité de Montréal, plus souvent appelées Sœurs Grises, ont un riche passé marqué par le dévouement envers les pauvres et les vulnérables.
La congrégation est fondée le 31 décembre 1737 lorsque Marguerite d'Youville, veuve pieuse, et trois autres femmes prononcent leur engagement au service de Jésus Christ et des pauvres.
Après avoir accueilli plusieurs personnes pauvres, Marguerite d'Youville et ses compagnes reprennent l'Hôpital général des Frères Charon qui tombait alors en ruine.
Décédée en 1771, Marguerite d’Youville rêvait d’un bâtiment plus grand pour l’Hôpital général, et sa vision est devenue réalité dans les années 1820 et 1830.
Milieu des années 1800 : l’expansion en Amérique du Nord
L’expansion de l’établissement témoigne de la croissance démographique que le Québec et le Canada connaissaient à cette époque. L’afflux d’immigrants européens a amené les figures religieuses de l’extérieur de Montréal à demander l’aide des Sœurs Grises. De nouvelles congrégations se sont progressivement installées à l’extérieur de la ville, à Saint-Hyacinthe en 1840, à Bytown (aujourd’hui Ottawa) en 1845 et à Québec en 1849. Les Sœurs Grises ont aussi été invitées à offrir leurs services en dehors de leur région d’origine.
Pendant les années 1840 et 1850, des religieuses ont été dépêchées dans des communautés isolées du Manitoba, de l’Alberta, de la Saskatchewan et des Territoires-du-Nord-Ouest pour y ouvrir des hospices, des écoles et des orphelinats.
En 1855, les Sœurs Grises ont étendu leurs activités aux États-Unis lorsqu’un prêtre de Toledo, en Ohio, les a invitées à mettre sur pied un hôpital et un orphelinat dans sa paroisse. D’autres invitations sont ensuite venues du Massachusetts, du New Hampshire et d’autres États, cimentant ainsi le réseau nord-américain des Sœurs Grises.
Années 1860 – v. 1900 : les Sœurs Grises gagnent l’intérieur des terres
Jusqu’aux années 1860, l’Hôpital général a dû composer avec de nombreuses inondations en raison de la proximité du fleuve Saint-Laurent. Les administratrices ont alors envisagé de déménager les installations plus loin à l’intérieur des terres. En 1868, il a été décidé de bâtir un nouvel immeuble là où se trouve aujourd’hui l’intersection de la rue Guy et du boulevard René-Lévesque.
La maison mère, nom sous lequel ce bâtiment s’est fait connaître, a été conçue par le célèbre architecte Victor Bourgeau et a ouvert sa première aile en 1871. La construction de ce complexe en forme de H, avec une chapelle élaborée en son centre, a nécessité plusieurs phases et n’a jamais été terminée selon les plans de M. Bourgeau.
Les travaux de construction d’envergure ont pris fin peu après après le tournant du 20e siècle. Avec ses installations culinaires, ses ateliers, ses dortoirs, ses bureaux, ses espaces verts et ses jardins, la maison mère constituait à plusieurs égards une communauté autonome pour ses résidents et ses visiteurs.
Première moitié du 20e siècle : l’essor
En 1912, on recensait 68 établissements appartenant aux Sœurs Grises à l’échelle du Canada et des États-Unis, dont 27 au Québec seulement. Au fil des décennies suivantes, les sœurs ont continué à venir en aide aux pauvres et aux malades, notamment pendant les périodes difficiles de la Première Guerre mondiale, de l’épidémie de grippe espagnole et de la grande dépression.
Deuxième moitié du 20e siècle : le déclin
Après la Deuxième Guerre mondiale, des changements dans la société québécoise ont cependant forcé les Sœurs Grises de Montréal à composer avec de nouvelles réalités. La laïcisation, la présence accrue des femmes sur le marché du travail et le plus grand nombre de services de santé payés par l’État ont contribué au déclin constant de l’arrivée de nouvelles religieuses au sein de la congrégation.
Malgré tout, les Sœurs Grises ont poursuivi leur mission de bienfaisance ailleurs dans le monde, notamment en offrant des services d’éducation et de santé en Amérique du Sud et en Afrique. Parmi les autres moments forts de l’congrégation, mentionnons la cérémonie de béatification de Marguerite d’Youville à Rome en 1959, ainsi que la désignation, en 1976, de la maison mère des Sœurs Grises en tant qu’immeuble patrimonial en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec. Il faut aussi ajouter la canonisation de Marguerite d'Youville le 9 décembre 1990, première sainte d'origine canadienne.
Mais, au fil des ans, alors que les nouvelles religieuses se faisaient de plus en plus rares, les sœurs restantes ont commencé à discuter de l’avenir de l’congrégation. Compte tenu de leur groupe vieillissant et du fardeau de plus en plus lourd que constituait l’entretien du site de la maison mère, les Sœurs Grises ont annoncé en 2004 que celle-ci serait vendue à l’Université Concordia.
2007 – aujourd’hui : Concordia entretient la mémoire de la maison mère
Après une inspection de l’endroit, l’Université a officiellement acheté l’établissement en 2007 et converti l’aile ouest en résidence temporaire pour les étudiants au moment où les sœurs commençaient à quitter les lieux.
Les représentants de Concordia ont rencontré les autorités provinciales et locales pour discuter de la meilleure façon de donner une vocation scolaire à l’endroit tout en préservant sa précieuse valeur historique. En 2008, l’Université Concordia a présenté une demande de désignation à la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, laquelle lui a été accordée en 2012 [ missing-- WITH THE PLAQUE UNVEILED IN 2017].
L’Université a continué de consulter les groupes de défense du patrimoine et de la culture afin de choisir les futures fonctions du site. Au départ, la maison mère était pressentie comme futur siège de la Faculté des beaux-arts de Concordia, mais, puisque les sœurs ont déménagé des années plus tôt que prévu, il a été décidé qu’une grande partie des installations seraient converties en nouvelles résidences étudiantes.
Depuis les rénovations réalisées en 2013 et 2014, l’établissement abrite un total de 600 espaces d’étude en groupe ou individuelle et 600 places en résidence. L’ancienne chapelle a été soigneusement transformée en salle de lecture.
Le pavillon des Sœurs‑Grises de Concordia a officiellement ouvert ses portes le 15 septembre 2014, en présence d’invitées d’honneur de la congrégation des Sœurs Grises.